songer. Cependant M. Auguste , moins timide,
se chargea de m’y conduire furtivement,
et a l’insçu des autres François. Un
janissaire de la factorerie nous accompagna ;
le scheick de la Mosquée , iman chez les
Turcs, curé .chez les chrétiens , nous at-
tendoit , et nous pûmes examiner assez à
notre aise, moyennant quelqu’argent dont
M. Auguste étoit convenu avec le. prêtre.
Ce temple est ancien; il a été construit par
un Calife ; les murailles sont plaquées de marbres
de diverses couleurs, et l’on y voyoit
encore quelques beaux restes de mosaïque.
L e tombeau, objet -de notre démarche, et
que l’on peut regarder comme un des plus
beaux morceaux d’antiquité que l’Egypte
conserve, avoit été transformé, parles Maho-
metans, en une espèce de piscine* en un
réservoir consacré à contenir, l’eau de leurs
ablutions pieuses. Il est fort grand, et il se-
roit un carré long, si l’un des petits côtés
n etoit arrondi en forme de baignoire. II
étoit fermé vraisemblablement autrefois par
un chapiteau ; mais on n’en voit plus de
traces, et il est entièrement ouvert. Il est
tout d’une pièce et d’un superbe marbre à
taches vertes, jaunes, rougeâtres, etc. sur
un fond d’un beau noir ; mais ce qui le
rend principalement intéressant , c’est la
quantité prodigieuse de petits caractères
hiéroglyphiques , dont il est chargé , en dedans
et au dehors. Un mois suffiroit à peine
pour les copier fidèlement : aussi n’y en a-t-il
pas eu , jusqu’à présent, de dessins exacts.
Celui que je vis* à mon retour d’Egypte, chez
le ministre Bertin , à Paris , ne pouvoit
servir qu’à donner une idée de la forme
du monument, les hiéroglyphes ayant été
tracés d’imagination et-au hasard. C’ est a-
peu-près comme s i, en cherchant à copier
une inscription, l’on se contentoit d’écrire
des lettres, sans ordre et sans suite. Ce n’est
üéanmbins qu’en copiant scrupuleusement
les figures de cette .écriture symbolique ,
que l’on parviendra à la connoissance d!un
langage mystérieux, d’où dépend celle de
l’histoire d’un pays jadis si célèbre. Lorsque
ce langage sera connu, on apprendra l’origine
du sarcophage et l’histoire de l’homme
puissant dont il renfermoit la dépouille.
Jusques-là c’est le champ vague et mobile
des conjectures.
A côté de la tombe , sur un morceau de
marbre gris, servant de pavé à la mosquée p