C H A P I T R E V I I .
D é s e r t s d e la L y b i e . — C ô t e s d e
l ’É g y p t e . — T ou r s d e s A r a b e s . —
A t t é r a g e d’A l e x a n d r i e . — S e s
P o r t s . — S on C om m e r c e . — C o u p -
d ’oe i l su r la v i l l e d ’A l e x a n d r e .
IjORsqu’en cinglant à l’est, à la vue des
çôtes d’Afrique , on a passé Derne (i) oh
les bâtimens chargés par les Turcs abordent
quelquefois, il reste , jusqu’a Alexandrie
, une longue étendue de rivages entièrement
inconnus. C’est au milieu de ces
plaines brûlantes de la Lybie , domaine
inaliénable de la stérilité, qu’il faut chercher
les limites de l’Égypte du côté du
couchant ; limites qui furent indécises, dès
les temps mêmes les plus reculés. Des difficultés
s’étoîent élevées entre deux peuplades
établies sur les bords du lac Mareotis,
aujourd’hui à sec, au sujet des confins de
l’Égypte et de la Lybie ; elles consultèrent
( i ) Vraisemblablement Derrhis extrema de Strabon
et de Ptolémée.
l’oracle de Jupiter-Ammon ; il décida, au
rapport d’Hérodote , que tout le pays couvert
par le N il, dans ses débordemens ,
devoit appartenir à la première de ces deux
contrées ; ligne de démarcation bien incertaine
, puisqu’elle dépendoit du plus ou du
moins d’industrie et de travaux, pailles-*
quels les eaux du fleuve étoient conduites
à des distances différentes. Qu’importe, au
surplus, la division exacte de ces couches
sablonneuses, de ces lacunes immenses sur
le globe habitable et qu’aucun peuple n’a
intérêt de partager, puisqu aucun homme
ne peut plus y faire sa demeure.
Mais si ces rives n’offrent aucun attrait
au commerce ou à la curiosité, elles pre-ï
sentent de grands dangers à la navigation.
Surpassant à peine le niveau de la mer *
elles ne sont point apperçues de loin. Un
vaisseau affalé par les vents du large, dans
le grand enfoncement de la mer, que nos
cartes désignent sous le nom de golfe des
Arabes , n’a point d’abri a esperer; aucun
port, aucune rade ne lui ouvre une enceinte
secourable , et, s’il lui est impossible
de braver l’impétuosité du vent et des flots
qui le portent à la côte , il -faut qu il y
G 3