l’eau. L ’esclave noire devoit m’y attendre à
l’entrée de la nuit, et m’introduire avec su*
reté. Elle me faisôit considérer que je n’avois *
pour arriver à eette porte, que la largeur
du canal, alors à sec, à traverser ; et elle
juroifc sur sa tête, une franeoise auroit dit sur
son coeur , que je n’avois aucun danger à
courir. Je devins difficile à mon tour. Les
suites effrayantes qu’une pareille démarche
pouvoiepi avoir , étoient à mes yeux une
barrière , que les instances les plus aimables
et les plus ingénues1, les promesses les plus
affectueuses ne purent me déterminer à franchir.
Plusieurs soirées s’écoulèrent dans cette
lutte , entre les invitations éloquentes ,
quoique non parlées , d’un tendre désir, et
la résistance sou vent mal affermie de là prudence.
Mais nous avions été découverts : nos
visites par signes avoient excité la fureur de
quelques Mahométans, et un coup de fusil ,
parti d’une des terrasses voisines , et dont
la balle siffla a mes oreilles , vint m’avertir
qu’il étoit temps de mettre un terme à des
entrevues stériles , et me faire sentir coin-
bien j’avois été avisé de fie pas traverser le
canal.
Ces mêmes femmes se visitent fréquemment
entr’elles. La décence et la retenue ne
font pas toujours les frais de leurs conversations.
Le défaut absolu d’éducation et de
principes ; l’oisiveté et ' abondance dans lesquelles
elles passent mollement leurs jours;
la contrainte que des hommes extrêmement
éloignés de la délicatesse des sexitimens et
des actions , exercent sans relâche à leur
égard; la certitude quelles ont, que l’amour
de ces hommes se porte vers d’autres
objets ; la vivacité de leurs affections ; le
climat qui communique ses feux à des coeurs
si inutilement disposés à la tendresse ; la
nature dont la voix puissante, et trop souvent
méconnue par ceux qu elle appelle à partager
ses loix comme ses plaisirs , émeut
leurs seps; tout contribue à doeiger kur brûlante
imaginatiqa -, 1. urs désus , leurs discours
vers, un but qu’il ne leur est pas libre
d’atteindre. Elles s’amusent dans leurs réunions
à changer eornp tement leurs vête-
niens , et a m n v tir mutuellement de leurs
habits. Ces espèces de travestissemens ne
sont que le prélude et le prétexte de jeux
moins innocens, et dont Sapho passe pour
avoir enseigné et pratiqué les détails. Savantes
dans 1 art dq tromper et non d’éteindre