Concert avec les prêtres, entretenoït <5eé
enthousiasme religieux pour les animaux les
plus utiles à une nation chez laquelle presque
toutes les lois se rapportoient à l’agriculture.
Quelles attentions, quels ménagemens ne
devoit-on pas avoir pour le perfectionnement
d’une espèce dont chaque individu pouvoit
prétendre à l’apothéose ? car si l’on donne
des soins à ce que l’on aime, la superstition
les prodigue à ce qu?elle adore.
En vain chercheroit-on dans le nombre
assez considérable de boeufs actuellement
existans en Egypte, des vestiges de cette
perfection de beauté qu’ils devaient y avoir
anciennement. Quoique la race en soit encore
assez belle, l’on conçoit que, négligée
depuis long-temps, elle est beaucoup dégénérée;
ils ont, en général, les cornes petites
et le poil d’un fauve plus ou moins foncé,
couleur qui n’exige pas, à ce que j’imagine,
un grand effort de pinceau;- quoiqu’on lise
dans Maillet que ces animaux sont d’une
si grande beauté , que le pinceau ne peut
la représenter (i). Je puis attester qu’en
parcourant l’Egypte entière , je n’ai ren-
(x) Description de l’Egypte, par M. Maillet, in-40.
partie 2 , page 27.
contré aucun boeuf qui m’ait frappe par sa
forme ou par ses couleurs.^ En les dépeignant
comme les plus beaux du monde , le
même auteur a voulu que les boeufs d Egy pte
fussent aussi les meilleurs de tous, a Leur
n chair, dit-il, est admirable ; elle ne le cède
jï pas en bonté à celle des boeufs de Hongrie,
j» ni à aucune autre; elle a meme cela de
ïj plus excellent , qu’elle est extrêmement
»» nourrissante » (1). Il s’en faut néanmoins
de beaucoup que cette viande approche
pour le goût de celle que l’on mange en
France. L ’assertion de Maillet, fausse dans
le fait i l’est encore dans le principe. En
effet, elle contrarie une observation générale
que tous les voyageurs peuvent vérifier
; c’est que la chair des animaux des
régions très - chaudes, n’a ni le suc ni la
saveur de celle des animaux de la meme
espèce, nourris dans les pays froids ou tempérés.
Le veau qui, dans nos climats donne
un aliment délicat-et sain, a , en Egypte,
la chair molle, insipide et par conséquent
peu salubre. J’ai fait la même remarque dans
des contrées de l’Amérique méridipnale ,
voisines de la ligne, et dans lesquelles les
( 1 ) Description de l’E g y p te , à l’endroit cite*
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