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rible que ces tourbillons du Midi, mais il
est certain qu’il n’y a rien de semblable à
redouter entre Alexandrie et Rossette ; que
personne n’y a perdu la vie par des flots de
poussière embrasée , et qu’il est physiquement
impossible que ce malheur y arrive.
En eflfet, en venant du Sud, le vent est
rafraîchi par les eaux des lacs et des canaux
qu’il traverse , et ils intercepteroient les colonnes
de sable apportées par le vent, si,
d’ailleurs, il pouvoit en enlever une grande
quantité en passant au-dessus des plaines
cultivées du Bahiré. Il existoit un danger
plus réel ; celui d’être dépouillé. Il y avoit ,
à la vérité , des gardes préposées à la sûreté
du chemin ; ils devoient avertir , dans les
deux villes, dès qu’ilsapperceVoientquelque
troupe suspecte ; alors les voyages éloient
interrompus jusqu’à ce que l’on publiât que
la route étbit libre. Mais les courses des
Bédouins voleurs, et selon les circonstances
ils le sont tous, sont si promptes, ils arrivent
avec tant de rapidité, de cantons d’où l’on
ne s’attend pas à voir sortir des hommes,
qu’une action de brigandage est le premier
signal de leur présence , et qu’il n’est pas
rare que les voyageurs en soient les victimes.
En
En sortant d’Alexandrie, on marche â
l’est-nord-est, et l’on prolonge la base d’un
promontoire qui, depuis Alexandrie, s’élève
vers le nord. A sa pointe est Aboukir, bourg
bâti sur les ruines de Cânopé. La côte dé
ce promontoire , ainsi que je l’ai, déjà, re-
mai'qué, est moins basse que celle de la tour
des Arabes : quoique formée par des monticules
de sable, elle n’en a pas non plus le
même aspect de solitude et de stérilité j l’on *
y voit des habitations et des terrains en culture.
Après avoir fait environ six lieues, on se
trouve Sur le bord d’une espèce de lac, reste
de la branche canopique du Nil. A présent
ce n’e s t, à bien dire, qu’une lagune de la
mer, qui n’a plus de communication avec
le Nil que dans les temps de son plus grand
accroissement. On la traverse à cheval lorsque
le fleuve, dans son débordement, où
la mer so.uleyée par les tempêtes, n’en ont
point augmenté le volume ; dans ces cas on
la passoit dans un bateau, qui étoit peut-
être le moins sûr et le plus incommode de
tous les bacs. L ’embouchure de cette ancienne
branche du Nil est très-resserrée et
formée par une barre de sable. Des goë-
T om e I . P