l’ardeur qui les consume , le, même dé^
sordre les suit encore dans la solitude ; tristes
ressources, foibles dédommagemens d’une
privation , q u i, sous une température également
chaude et sèche , et pour des ames
brûlantes , paroît très-difficile à supporter.
Les hommes connoissent bien ces dispositions
, et leur jalousie~s’en irrite. Non-seulement
ils interdisent l’approche des appar-
temens de leurs femmes à tous les autres
hommes; car il ne faut pas donner ce nom aux
êtres mutilés , qui n’en ont plus que la figure ;
mais ils n’y souffrent pas même l’introduction x
des choses inanimées, qui pourroient prêter
a l’illusion. Ils ne conçoivent pas comment
il est possible de se reposer sur la sagesse
d’une femme; ils ne craignent pas d’assurer
que celles qui, chez eux, passent pour les
plus honnêtes, ne laissent point échapper
les occasions de se rendre infidèles , ni les
moyens de satisfaire leur tempérament. Les
monstres ! ils osent parler de fidélité , leur
bouche ose souiller, en le proférant, le mot
d’honnêteté ! Infidèles à la nature, qu’ils ne
servent que par des outrages, ils poussent
l’impudence ; jusqu’à prétendre aux faveurs
les plus désirables de son plus bel ouvrage!
Ils ne sentent pas, les misérables, que ces
infidélités dont ils se plaignent, sont le prix
mérité de leur dédain, de leurs rigueurs et de
leurs caprices criminels et dégoûtans ! Qu’ils
ouvrent , s’ils le peuvent , leur coeur à ua
amour délicat, leur ame à la sainte amitié,
à la confiance qu’elle commande, aux égards
qui l’entretiennent, et ils verront si ce sexe,
qu’ils calomnient, parce qu’ils ne le connoissent
que par les fers horribles et pesans
dont ils l’enchaînent, sait répondre à des
sentimens honnêtes, et s’il n’est pas lui-même
le sanctuaire précieux des affections les plus
tendres5, et de la constance qui les y perpétue
(i).
( i) L’on demandera peut-être comment j’ai pu être
instruit de ce qui se passe dans l’intérieur des harems,
puisque l’approche en est si sévèrement interdite. Les
moyens que j’ai employés sont simples ; mais on me
permettra de les passer sous silence : il suffit que l’on
soit certain de la vérité et de l’exactitude des détails 5 et
l’on peut y'compter.