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merce exclusif de l’Inde par la mer Ronge.
La ville d’Alexandrie , si bornée de nos
jours , ne fournissoit pas une consommation
qui fut de quelqu’importance. Aussi le commerce
qui s’y fait est un commerce d’entrepôt;
mais, comme je l’ai dit, il étoit considé-
dérable, et il peut devenir immense. Les
douanes rapportoient de grandes sommes :
elles étoient entre les mains d’une compagni^
de commerçans chrétiens de Syrie. Pour
juger de leur adresse, il suffira desavoir qu’ils
avoient supplanté les Juifs, chargés avant
eux de cette partie du fisc.
Les marchandises que les navires d’Europe
transportent à Alexandrie, sont conduites
par eau jusqu’au Caire , d’où , après avoir
fourni aux besoins et au luxe de cette ville
populeuse , elles se distribuent dans toute
l’Arabie, dans la haute Egypte, et jusqu’en
Abissinie. Les petits bâtimens qui servent à
les conduire d’Alexandrie jusqu’à Rossette,
la première ville d’Egypte sur le N il, et à
ramener à Alexandrie les denrées de l’Egypte
et de l’Arabie , se nomment germes. Ce
sont des especes de barques solides, et d’une
assez belle construction. Elles ne sont pas
pontees, elles tirent peu d’eau, e t, suivant
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leur grandeur, elles ont deux ou trois mâts ,
avec de très - grandes voiles latines , dont
les antennes , fixées au haut des mâts , ne
peuvent s’amener; en sorte que, quelque mauvais
temps qu’il fasse, les matelots sont obligés
de monter sur toute leur longueur, pour
serrer les voiles , manoeuvre aussi longue
que difficile. Leur port est, en général, de
cinq ou six tonneaux. L ’on pourroit certainement
construire des barques pontées d’une
grandeur plus considérable , et qui ne tire-
ro'ient pas plus d’eau. Les marchandises n’y
seroient pas exposées à être mouillées et
gâtées par l’eau ,de la mer , ainsi qu’elles le
sont souvent, et les expéditions n’éprouve-
roient pas des retards, quelquefois préjudiciables
au commerce, à cause d’une mer trop
grosse qui arrête la navigation des germes.
Quoique la distance qu’elles ont à parcourir en
mer ne soit guère de plus de douze lieues ,e t
qu’au milieu de cette route elles aient une
baie , dans laquelle elles peuvent trouver un
abri sûr, à Aboukir, ce cabotage n’est pas sans
danger. Si un vent impétueux soulevé des
vagues, toujours tumultueuses sur les hauts
fonds , elles courent risque d’être remplies
d’eau et submergées. Mais le péril le plus
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