démesurée de son train de devant (i). Une
extrême disproportion dans les jambes se
trouve aussi dans le jêrbo; mais ce sont
celles de derrière qui sont longues par
excès, tandis que celles de devant paroissent
à peine. Ces longues jambes , ou , pour
parler plus exactement, ces longs pieds ,
car c’est le tarse qui est si considérablement
prolongé, servent seuls au jerbo dans son
mouvement progressif: celles de devant,
que l’on pourront regarder comme de petites
mains , lui sont inutiles pour aller d’un
lieu à un autre. Il saute à la manière des
oiseaux ; et cette démarche, qui seroit fort
gênante pour tout autre quadrupède , est
tellement propre à celui-ci, que sa course,
ou plutôt son sautillement, est très - leste
et très-vîte. Voilà donc un animal qui, avec
quatre pieds, ne laisse pas que de s’éloigner
de la classe des quadrupèdes , pour prendre
queiqu’empreinte de celle des oiseaux. Placé
sur le premier échelon du passage de l’une
à l’autre, il constitue la première dégradation
des quadrupèdes , et commence la
nuance de ceux-ci aux oiseaux. L ’homme
( i ) Giraffe. Bufifon, Hist. nat. des Quadrupèdes.—<
Çameleopardalis girajfa. L.
célèbre qui a porté le flambeau de la philosophie
dans le sanctuaire de la nature ,
a le premier établi cette sublime et importante
vérité : que le travail de cette même
nature n’avoit point été coupé par de grands
intervalles, ni par des interruptions brusques;
que tout y étoit lié ; que le passage
de classe a classe, de genre à genre, d’espèce
à espèce, se faisoit par des nuances
graduées; èt que ces classes, ces genres et
ces espèces n’étoient, aux yeux du philosophe
, que des signes propres à soulager l’esprit,,
et des divisions pour aider la mémoire.
Quoique la transition des quadrupèdes aux
oiseaux n ait pas encore été suivie ; quoique
tous les points n’en soient pas encore reconnus,
nous n’en sommes pas moins fondés à
regarder cette liaison comme existante : nous
en avons le commencement dans le jerbo ,
et la dermere gradation dans les chauve-
souris. Il y a tout lieu de croire que la série
des nuances se développerai mesure que de
bons observateurs se dévoueront à des voyages,
dans des contrées neuves pour l’histoire
naturelle. Je suis convaincu que. l’intérieur
de l’Afrique, pays presque encore vierge
pour les découvertes , renferme une foule
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