et les tarses du plus beau rouge, avec des
teintes du plus beau bleu sur le haut des
jambes.
Le 6 novembre, à trois heures du matin,
il fît un grain de pluie considérable, par un
vent de nord-nord-ou est. Cette époque n’est
pas sans intérêt ; car ce fut la première pluie
de cette année, qui vint rafraîchir l’atmosphère
de la basse Egypte , e t , comme je l’aï
déjà dit , c’étoit le commencement de la
saison à laquelle on donnoit le nom d'hiver
, parce que la température devenoit
moins chaude.
Le lendemain , je traversai le Nil, et je fis
une longue promenade sur le sol humide et
verdoyant du Delta. Cette partie de l’Egypte
inférieure est une plaine immense , mais
elle n’a pas la monotonie fatigante et ordinaire
aux pays plats. Les villes et les villages
sont bâtis sur des monticules qui s’élèvent
au-dessus du niveau de l’inondation ; des
bosquets que la verdure n’abandonne jamais
, des arbres isolés , mais peu éloignés
les uns des autres , bornent la vue , et ne la
laissent s’étendre que par de nombreuses
échappées , qui la conduisent à des points,
plus ou moins éloignés ^ plus ou moins
( m )
agréables. Des enclos où croissent des plantes
de toute espèce , où les pommes dorées de
l’oranger couronnent les fleurs les plus parfumées,
et ïesutiles et modestes herbes potagères
; des champs sur lesquels la fertilité
a fixé son séjour ; les cabanes mêmes des
cultivateurs, les animaux qui vivent à l’en-
tour , tout plaît dans un paysage aussi varié,
tout y réjouit l’ame et y flatte les yeux.
Une multitude d’oiseaux se réunissent
dans une aussi belle contrée : ils sembloient,
par leur nombre, par leurs mouvemens et
par la diversité de leurs accens , y célébrer
cette fête continuelle de la nature, ces éternelles
faveurs de la fécondité.
J’y vis des tourterelles des deux espèces,des
merles , des huppes et des aigrettes,que les
François habitués en Egypte appellent garde-
boeufs , parce qu’en effet elles cherchent les
endroits fréquentés par ces animaux, les suivent
et se posent souvent sur leur dos ' i). L ’on
trouve, en Egypte, deux espèces d’aigrettes:
leur plumage est entièrement d’un blanc éclatant,
mais elles diffèrent par la grandeur. La
petite espèce est la plus commune ; les indi-
( i) Aigrette. Buffon , Hist. nat. des Ois. et pl.
enlum. u°. 901. — Ardea garzetta. L .
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