il pas vraisemblable qu’elles se trouvent de
même l’une et l’autre au Nord, où le jerbo
sera à son tour beaucoup plus rare? Cette
conjecture devient plus probable, ou plutôt
elle cesse d’en çtre une, quand on lit dans
votre lettre, Monsieur, que le savant naturaliste
, M. Pallas, a vu fréquemment lejerbo
en A s i e , entre le Tanaïs et le Volga , et
dans les collines sablonneuses au midi de
V lr l in , ainsi que dans les schistes des
monts altdiques , c’est-à-dire dans le nord
delà Russie, en Tartarie et en Sibérie.
D’après cela, il est assurément très-pos-r
sible, ainsi que vous l’observez, Monsieur >
que Gmelin n’ait rencontré qu’un seul individu
de la race des jerbos, toujours plus
rares à mesure que l’on remonte vers le nord,
et qu’il lui ait donné le nom &alagtaga y pu
si vous voulez , d’alak-daaga1 sous lequel
les peuples de ces contrées, peu soucieux de
compter les doigts et de prendre les dimensions
des animaux , auront compris toutes les
gerboises. Mais l’on ne peut penser qu’un
voyageur très-instruit, et exact sur d’autrçs
objets plus importans, n’ait pas su distinguer
un animal mutilé, au point d’avoir des
membres de moins et des dimensions tronquées
,
•quées, ainsi que vous le supposez. L ’on croira
encore plus difficilemerit qu’il ait pris plaisir à
•décrire un être imaginaire, et que, par un-bac^
sard plus inconcevable encore, cet être, de
pure invention, existât réellement dans d’autres
climats tres-eloignesettout-à-faitoppôsésî
1 Gmeîin n’â donc point commis d’erreur, en
décrivant ce qu’il a vu , et ce que, d’après des
■observations pfus mo dernes que vous rapportez,
Monsieur, il devoit voir dans les pays qu’il
paicouioit. D un autre côté, l’on ne pouvoit^
en bonne logique, lui imputer aucun tort,
puisqu on n’alïéguoit ' contre lui qu’une ou
deux preuves négatives, insuffisantes pour
anéantir une preuve positive. Il m’a paru ,
depuis quelques années, que les voyageurs
et les naturalistes se permettoient un peu
trop légèrement de contredire ceux qui les
ont précédés. Ce n’est pas ici lé lieu d’examiner
si la science a beaucoup gagné à ce
ton général de critique ; mais c’est ce qui m’a
porté à insister sur la justification de Gme-
lin, quoiqu elle n’influat en rien sur la mienne#
En. effet, en supposant que cet observateur
en eut imposé au point de dépeindre un quadrupède
, dont les formes n’eussent pas été
celles qu’il lui a prêtées , l’on n’en seroit pas
Tome I. N