musulman qui en avoit tué un autre.
Cependant , si une communication continuelle
avec les diverses nations de l’Europe
n’avoit encore pu adoucir les moeurs des Alexandrins
, 1 on doit convenir qu’elle les avoit
déjà disposes a moins d’intolérânce sur certains
objets. Alexandrie , par exemple , étoit
avec Rossette, la seule ville d’Egypte où les
Européens pussent conserver leurs vêlcmens.
Par-tout ailleurs , il leur étoit interdit de
paraître , sans le costume oriental. Il ne fà.1-
Elit pourtant pas abuser de cette sorte d’in-
dalgence; car, en se montrant en foule ou
qyec quoiqu’éclat, particulièrement dans les
lieux éloignés de la marine, on courait les
risques d’être, insulté. ff -
- : L ’on ne pou voit encore s’abstenir de savoir
quelque gré aux habit an s de ce pays d’avoir
conservé à leur bourgade le nom de la ville
ancienne. L ’on trouve A le xa n d r ie , dans le
noîn arabe Escanderiè, et l’indignation dont
on ne pou voit se cjéfendre contre les barbares^
dont la nouvelle ville étoit plutôt in?
fbstée que peuplée , cessoit.un instant lorsqu’on
les entendoit , ainsi que cela m’est
arrivé plus d’une fiais , proférer avec quelque
respect le> nom d’Alexandre. I l est. pour eux
l’attribut du courage et de là victoire. Enntè.
Scander, disent-ils quelquefois , tu es un
Alexandre ; c’est à leurs yeux le plus grand
éloge delà valeur. Tant il est vrai que ce ne,
sont ni les marbres, ni les bronzes qui perpétuent
la mémoire des hommes. Les grandes
actions peuvent seules transmettre leurs
noms, d’âge en âge. Tout s’efface, tout périt;
les vertus et les bienfaits restent, comme des
monumens inaltérables élévés dans les
coeurs, comme l’héritage éternel de l’admiration
et de la reconnoissance.
Les Vénitiens e,t les Acglois avoient aussi
des établissemensde commerce à Alexandrie.
Les premiers , de même que les François,
suivoïent dans leur négoce la même marche
que leurs prédécesseurs. Les Anglois, au
contraire, cherchoient à se frayer des routes
nouvelles. De fréquens voyages de leurs
agens dans l’Inde , leur prodigalité , qui
leur attirait la bienveillance des chefs du
pays, toujours disposés en faveur de ceux
qui les payoient le mieux, enfin leur activité
pour des opérations qu’ils avoient soin
de tenir secrètes, tout annonçoit le projet
qu’ils avoient conçu et qu’ils avoient déjà
exécuté en partie, de s’approprier le corn*
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