hollandois à Àlep , étoit à la promenades
avec son consul. Des paysans d’un village
prochain jugèrent à propos de l’accuser d’être
1 auteur de la mort d’un jeune homme qui
s etoit noye, et dont ils étoient occupés à
retirer Je cadavre. Une accusation aussi
absurde fut accueillie par le village entier.
Les cris de vengeance furent unanimes. On
envoya une députation au pacha d’A lep ,
pour lui demander le hollandois. Le gou-
veineui refusa. Les villageois soulevèrent
le peuple d’Alep. Un attroupement formidable
menaçoit de mettre le feu à la ville,
et de massacrer tous les Francs, si on ne
livrait le drogman, réfugié chez le pacha.
Celui-ci, bien que convaincu de l’innocence
de 1 européen, fut forcé, pour sauver de
plus grands malheurs , de faire étrangler le
malheureux hollandois, et d’abandonner son
corps aux séditieux qui le pendirent à un
arbre.
Le tableau que-je viens de donner des
moeurs des habitans de l’Alexandrie moderne,
quelque sombre qu’il soit, n’est point exagéré.
Je les ai peints tels que je les ai vus. Je
pourrais invoquer, à l’appui de ce que j’en
ai d it, le témoignage des voyageurs les plus
estimés, et sur-tout celui des Européens que
les emplois, les spéculations commerciales
ou la curiosité, ont fait séjourner quelque
temps à Alexandrie , et qui ont été les témoins,
et peut-être les victimes de ce caractère
de férocité. S i , à Ventrée d’une armée
victorieuse , ils ont su se présenter sous
l’apparence de bonnes gens, on pe doit pas
-en être étonné. L ’homme le plus cruel est
ordinairement le pins vil ; il n’a de valeur
que quand *il est assuré d’être le plus fort ;
il rampe dès qu’il devient foibîe ; mais il
lui reste la perfidie et la trahison, et ces
armes des âmes basses, il les emploiera toutes
les fois qu’il croira n’être pas découvert.
La langue arabe e s t, généralement , en
psage à Alexandrie , de même que dans
l’Egypte entière. Mais la plupart des Alexandrins
, ceux particulièrement que des liaisons
de commerce rapprochent des marchands
d’Europe,parlent aussi l’italien, adopte dans
Lss ports du . Levant. L ’on y parle encore
le moresque ou langue franque : c’est un
composé de piauvais italien , d’espagnol et
d’arabe. Un étranger pouvoit,plus aisément
qu’ailleurs, s’y procurer des domestiques,
lesquels , s’ils n’étoient pas d’une fidélité
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