avec l’eau du fleuve, que toutes les ressources
de l’art des arrosemens sont employées
à y conduire : cette eau s’écoule, et on cesse
de l’y porter dès que les plantes n’exigent
plus cet état de légère inondation. Un autre
genre de culture, qui ne demande pas la
même fraîcheur, et qui absorbe les restes
d’une trop grande humidité, succède à celle
du riz, et de beaux tapis de verdiire prennent
la place de la robe jaunissante dont peu de
temps auparavant les mêmes campagnes
étoient couvertes.
Aussitôt que le riz est récolté, les Egypj
tiens sèment une belle variété de trèfle,'
qu’ils appellent barsim ( i) . Sa graine est
répandue sans labourer ni remuer le terrain ,;
et elle s’enfonce suffisamment dans un sol
q u i, à cette époque, est encore très-humide.'
Pays fortuné, où la terre ne demande point
à être péniblement déchirée pour ouvrir son
sein à la fécondité, où il suffit, pour ainsi
dire, au cultivateur de lui désigner le genre
de richesses qu’il désire, pour qu’elles lui
( i) Trifolium aie se aiidrinum d Forsltal ,• Flora
egyptiaco-arabica, page 139. Nota. Des voyageurs ont
confondu le barsim avec le sainfoin : il est une espèce ,
ou plutôt une variété de notre trèfle;
soient
soient prodiguées, où enfin la nature semblé
dispenser des hommes qui ne cessent de
l’outrager, de tous travaux et même dé foute
reconnoissance! Ce trèfle donne trois récoltes
avant de céder de nouveau la placé’âU-riz':
la seconde de ces trois récoltes est toujours
plus belle que les deux autres, parce qu’alors
la plante s’est étendue par ses racines, et
que ses tiges 11e sont plus gênées par le chaume
détruit. L ’on conçoit combien est brillantè
une telle alternation de culture, qu’aucune
autre contrée ne pourroit fournir. Le barsimf
vert ou sec, est la nourriture la plus5 ordinaire
et la plus succulente du bétail ; soit'eft
pâturage , soit dans les établés. Une qualité
essentielle de cet excellent fourrage, et qu’il
est plus naturel d’attribuer au climat qu’à
la différence de l’espèce, c’est que je n’ai
point vu qu’il occasionnât aux bestiaux cette
enflure subite et souvent mortelle, que notre
trèfle ne manque guère de produire lorsque
les animaux le pâturent ou qu’ils le mangent
coupé récemment, en trop grande quantité
et sans mélange.
En parlant de la meilleure espèce de'fourrage
, c’est l’occasion de dire un mot de l’espèce
d’animaux la plus chère à l’agriculture;
Tome J. i l