chat, ilnepouvoit éviter le dernier supplice),
quiconque l’habitoit , se rasoit les sourcils
seulement, mais s’il y mouroit un chien,
on se rasoit la tête et le corps entier (i). On
portoit dans des maisons sacrées les chats qui
venoient à mourir, et après qu’on les avoit
embaumes , on les enterroit à Bubastis (2) ,
ville considérable de la basse Egypte , aujourd’hui
Basta.
Ges honneurs, ces prérogatives n’étoient
pas simplement une affirire de goût ; iis
avoient un grand but politique, l’intérêt et
la subsistance de tout un peuple. Il étoit nécessaire
de mettre sous la protection immédiate
des ipix , une espèce d’animaux , dont
la protection etoit elle-même indispensable
contre la multitude prodigieuse de rats et de
souris, dont l’Egypte est infestée. L ’apothéose
parut aux prêtres le moyen le plus sûr
de faire respecter par le peuple les choses
qu il avoit le plus d’intérêt à conserver*
Qu importe, en effet, pour des religions idolâtres
, que 1 on ait a adorer un homme ou
un chat, une femme ou un oignon ? Tous ne
sont-ils pas à une égale distance de la divinité ?
(1) Hérodote, liv. 2, $. 6 , trad. de Lai-cher.
(2) Ibidem, §. 67.
Puisqu’il falloit être superstitieux , ne valoit-
il pas mieux que ce fût utilement ? Heureux
les peuples dont les superstitions tournent
au profit de l’agriculture et du bien général!
Chez une ’nation , pour laquelle le physique
est tout, et le moral presque rien, les
dehors séduisans des chats paroissent préférables
à la docilité , à l’instinct exquis , à la
sensible fidélité du chien. Un seul trait de ce
genre caractérise souvent mieux une nation,
qu’une foule d’observations sur des coutumes
et sur des pratiques , qui deviennent bientôt
des routines , que l’on finit par regarder
comme indifférentes, et qu’enfin l’on aime
autant suivre que de prendre la peine d’en
changer. Un peuple n’est-il pas, en effet,
bientôt jugé, lorsqu’on sait qu’il abhorre le
chien , et qu’il affectionne le chat, par la
raison que ce dernier cache soigneusement
ses ordures , et qu’il ne dévore pas les voie-
ries, dont le naturel du chien le porte quelquefois
à se nourrir.
Il y a dés chats dans toutes les maisons
de l’Egypte. L ’on en v o it , chez les riches ,
partager les carreaux, la mollesse et l’indolence
de leurs maîtres, qui se plaisent à
les flatter de la main, et à leur prodiguer