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L ’on me raconta à la Ciotat une singulière
cérémonie qui s’y pratique, chaque année ,
dans les premiers jours de nivôse. Une
troupe nombreuse d’hommes , armés de
sabres et de pistolets, se met à la recherche
d’un très-petit oiseau que les anciens appe-
loient troglodyte , dénomination que Gue-
nau de Montbeillard lui a conservée dans
î’histoire naturelle dès oiseaux ( i ). Lorsqu’on
l’a trouvé , ce qui n’est pas difficile >
parce qu’on a soin d’en avoir un tout prêt1
on le suspend au milieu d’une perche que
deux hommes portent sur leurs épaules
comme un pesant fardeau. Ce plaisant cortège
parcourt ainsi la ville ; l’on pese l’oiseau sur
une forte balance , et l’on va ensuite se
mettre à table et se divertir. Le nom du
troglodyte n’y est pas moins bizarre que
l’espèce de fête à laquelle il donne lieu. On
l’y appelle putois , ou père de la bécasse ,
à cause de la ressemblance de son plumage
avec celui de la bécasse , que l’on y suppose
être engendrée par le putois , grand destructeur
d’oiseaux , niais qui n’en produit aucun.
En revenant à Marseille , je m’arrêtai à
C a s s is o ù il y a deux manufactures dans
t i) Motacilla troglodytes. L. Syst. nat. Edif. 13.
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lesquelles on polit et 011 travaille le corail,
dont la plus grande partie passoit sur les
qôtes d’Afrique , pour y être échangée contre
des hommes. Les vignes qui entourent cette
petite ville, fournissent du vin blanc qui a .de
la réputation.
f L ’on savoit à Marseille que la frégate que
l’ondisposoit à Toulon, ne pouvoit être armée
complètement que dans quelque temps. Je
rne proposai de faire une excursion dans le
Languedoc, et, accompagné du secrétaire
de M* Tott , jerne rendis par terre à Cette ,
dont Vernet a peint une superbe vue. Dans
quelques promenades aux environs, je re-
çeuillis des matières volcaniques , et le long
des côtes »quelques coquillages, et des productions
marines. Je fus étonné de trouver
§ur le bord même de la mer , et dans des
algues humides , une espèce singulière de
scarabée , rare vers le nord de la France et
que l’on a décoré du nom de phalangiste (i)j
parce qu’on a prétendu que les longues
pointes de son corselet , avoient de la ressemblance
ayeC les piques dont étoient armés
les soldats de la phalange macédonienne.
(1) GeofEroi, Hist, abrégée des Insecte? des enviions
de Paris, tom. 1 , pag. 72, et pl. 5 , % . 3.
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