SQire important, que les mains et les ongles
soient teints en rouge. Cette dernière mode
•est aussi générale que la première, et ne
pas s’y conformer seroit une indécence. Les
femmes ne peuvent pas plus se passer de
ce barbouillage que de leurs vêtemens. De
quelqu’é ta t, de quelque religion qu’elles
soient, toutes emploient les mêmes moyens
pour acquérir cette sorte d’ornement que
l’empire seul de la mode peut perpétuer ,
car il gâte assurément de belles mains, bien
plus qu’il ne les décore. La blancheur animée
de la paume des mains, la couleur de
rose, tendre des ongles, sont effacées par une
couche matte d’une teinture rougeâtre ou
orangée. La plante des pieds , dont l’épi-
dernie qui n’est point endurci par des marches
longues ou fréquentes, et que des frot-
temens journaliers amincissent encore , est
aussi chargée de la même couleur.
C’est avec la poudre verdâtre des feuilles
desséchées du henné , que les femmes, se
procurent des agrémens aussi bizarres* On
la prépare principalement dans le Saïd, d’où
on l’envoie dans toutes les villes de l’Egypte.
Les marchés en sont constamment fournis ,
comme d’une denrée d’un usage habituel
et indispensable. On la délaye dans de l’eau r
et l’on frotte de cette pâte molle les parties
que l’on veut teindre : on les enveloppe
d’un linge, et au bout de. deux ou trois
heures , la couleur orangée y est fortement
attachée, Quoique les femmes se lavent
plusieurs fois le jour les mains et les
pieds avec de l’eau tiède et du savon, cette
couleur tient long-temps, et il suffit de la
renouveler tous les quinze jours environ-
Celle des ongles dure beaucoup plus , et
elle passe même pour ne s’eflacer jamais..
En Turquie , le§ femmes se servent aussi
du henné, mais elles se contentent de s’ erii
colorer les ongles, et elles- laissent à leurs«
mains et à leurs pieds les teintes de la nature.
II paroît que la coutume de se peindre les
ongles étoit connue dès anciens Egyptiens,,
car ceux des momies sont, le plus souvent,,
teints en rouge (i). Mais des femmes Egyptiennes
enchérissent encore sur la coutume
générale : elles se peignent aussi les doigts,
par espaces seulement et afin que la couleur
ne prenne pas par-tout r elles les enveloppent
( i) Voyez Mém. sur les Embaume mens, par 51. de-
Caylus , dans les Mém. de l’Acad. des Inscriptions et
Belles-Lettres, tome 2 3 , page l 33»
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