l ’étràngèrj et quë , d’un autre côté , ils ne
Fournissent qu’un mauvais mets.
Si l?on porteries je u x de l’autre côté du
fleuve, on déeoiivre une plàinè qui n’a d’au-
tres bornes que l’horizon : c’est le Delta (i).
Sorti du sein des eàuxy il conserve la fraîcheur
de son ofiginè à l ’or des guérets
succède dans la même année la. verdure des
prairies/^Des vergers semblables à ceux qui
sont près de Rossette, deS groupes d’arbres
toujours verds, d’autres épars, des troupeaux
de toute espèce diversifient les points de
Vue, et animent cette riche et verdoyante
partie dé l’Egypte.' Des bourgs", des villages
nombreux àjôùtehf à là beauté du paysage;*
ici -des villes montrent par des échappées
leurs hauts et étroits minarets ; là sont des
lacs et des canaux, source d’une fécondité
inépuisable j par-tout | dn feeonnoît les signes
d’une culture facile, d’un printemps éternel
( i ) J e sais bien que les anciens preuoient la base du
Delta depuis la branche canopique du Nil (Strab. y
hb. 17* ) J mais cette branche canopique étant perdue ,
et le terrain compris entr’elle et Rossette étant sablonneux
, stérile et dépeuplé , le De lta , qui fait naître
l ’idée de la fertilité, ne doit plus être pris que dépuis la
branche bolbjtique, celle de Rossette.
et d’une fêttilité sans cesse renaissante et
toujours variée (x).-
Rossette est aussi le lieu de l’Egypte ou
la tranquillité étoit le moins troublee. L ’on
n’y connoissoit ni ces soulëvemèns, ni ces
désordres, ni-cette agitation inquiétante, si
ordinaires dans les autres villes.' L ’étranger
y étoit en sûreté, et pouvoit se promener
librement sans être obligé de changer son
costume, cé qui lui étoit impossible dans
aucune autre partie de l’Egypte. Il parcou-
roit les campagnes:, il penétroifc dairs les enclos,
les traversoit en tous sens , fouloit aux
pieds les plantes cultivées, sans que personne
le trouvât mauvais. En faisant ces promenades
charmantes que j’aimois à renouveler
souvent, le cultivateur ou le jardinier
m’invitoit à entrer” dans sa hutte et à y
prendre le café. Avec les mêmes moeurs,
les mêmes usages , la même ignorance et
le même fanatisme, les habitans de Rossette
fussent restés , comme ceux des ruines ,
d’Alexandrie , comme ceux qui vivent au
pied des rochers arides de la Haute Egypte >
(1 ) L ’on peut se former une idée de celte partie de
l’E g yp te , en jetant les yeux sur la planche I I I de cet
ouvrage.