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ter à la conversazione ; c’ est ainsi que l’on
nomme les assemblées, les cercles qui se
tiennent dans les maisons opulentes de
l’Italie.
Nous ne sommes restés que trois jours à
Palerme. Je les ai employés à visiter rapidement
ce qui pouvoit attirer la curiosité dans
la ville et dans ses environs I déjà connus
par diverses relations et par les belles vues
que l’on en a dessinées. Je dirai aussi rapidement
ce qu’un séjour si court in’a permis
d’y remarquer.
Le port, l’un des plus sûrs de ces parages
, défendu par une forteresse dont
l’artillerie, comme je l’ai déjà dit tout-à-
l’heure , n’avoit rien de formidable, est uii
demi-cercle. La ville, les faubourgs et les
promenades qui sont autour, présentent un
amphithéâtre aussi agréable que varié. Une
chaîne de hautes montagnes nues et incultes
s’élève derrière la ville , et rend sa position
plus pittoresque. Elle est fermée par quatre
belles portes ; deux rues qui y aboutissent
forment, en se croisant à-peu près au centre,
une place de peu d’étendue que l’on appelle
YOttangolo , et d’où l’on découvre les
quatre portes. Ces rues sont alignées, larges',
bien bâties, et pavées de grandes pierres.
Le soir, une multitude de boutiques et de
cafés illuminés , la quantité d’équipages qui
y roulent , éclairés par des flambeaux , la
foule des piétons qui s’y pressent, rappellent,
dans la plus longue et la principale de ces
deux rues, le brillant et le fracas de celle
de Saint-Honoré à Paris. Les Siciliens qui
ne sont pas de la classé laborieuse , ne vont
qu’en carrosse : .il seroit indécent, pour un
homme aisé, d’y faire usage de ses jambes.
Le nombre des voitures y est très-grand;
les étrangers peuvent s’en procurer d’assez
propres, à raison de sept à huit francs par
jour. ¿Tout le monde y porte l’épée; le savetier,
avec son tablier de cuir et sa veste
crasseuse ; le perruquier, avec son habit et
son sac de poudre ; enfin chaque artisan ,
sortant de chez lui dans le costume de sa
profession, a le côté armé d’une longue épée
de Crispin, la tête coiffée d’une ample et
vieille perruque , et le plus souvent le nez
chargé d’une paire de lunettes.
Ceux qui ont lu le Voyagé en Sicile et à
Malte 1 par Bridonè , savent qu’il s’est
amusé aux dépens d’une Françoise qui tient
la seule auberge que lès étrangers trouvent