remplit sa, bouche, et on la souffle , avec
art, sur la main étendue , où elle forme
une colonne en spirale, qui s’y maintient
quelques instans. Les glandes ne sont point
picotées, et Ja poitrine n’est point desséché e
par une salivation, dont les parquets de nos
fumeurs sont inondés. L ’on n’éprouve point
Je besoin de cracher , et cette action si fréquente
parmi nous, est une indécence , en
Orient, devant les personnes auxquelles on
doit quelques égards; il est également de la
plus haute impolitesse de se moucher en
leur présence.
Les Orientaux qui ne sont pas obligés de
travailler, restent presque toujours assis',
les jambes repliées ; ils ne marchent pas
inutilement, mais seulement pour se rendre
d’un lieu à un autre, lorsque quelque chose
les appelle. S’ils ont envie de jouir de
la fraîcheur d’un verger ou du voisinage
des eaux, aussitôt qu’ils y sont arrivés, ils
s’y asseoient. Ils ne commissent pas la promenade
, si ce n’est à cheval, car ils aiment
fort cet exercice. C’est une chose curieuse
que de les voir considérer un Européen qui
se promène dans une chambre ou en"plein
air , en revenant continuellement sur ses
pas.
pas. Ils ne peuvent comptèhdre le motif
de ces allées et venues, sans but apparent
, et qu’ils regardent comme un acte
de folie. Les plus sensés d’entr’eux pensent
que c’est par l’ordonnance de nos médecins
que nous marchons ainsi, âfïti de prendre
un mouvement nécessaire à la guérison dé
quelque maladie. Les Nègres, en Afrique,
ne conçoivent pas plus cette coutume, et
j’ai vu les Sauvages dé l’Amérique méridionale
en rire entr’eux de tout leur coeur.
Elle est particulière aux hommes pensans;
et cette agitation du corps participe de celle
de l’esprit, comme un soulagement à sa trop
grande tension. De là vient que tous ces peuples
, dont la tête est vide, dont les idées sont
rétrécies, dont l’esprit n’est ni occupé, ni susceptible
de méditatiotî;, n’ont pas besoin d’un
pareil secours , d’un pareil allégement, et
que , chez eux, l’immobilité du corps est
un sj inptôme de l’inertie dit cerveau.
Ceux que le désoeuvrement accable , et
c’est le partage des riches, vont dans les
jardins dont j’ai tracé la peinture, e t , toujours
assis , ils se délectent à respirer un
ait frais et balsamique, ou à entendre de la
mauvaise musique. S’ils ne sortent pas de
Tome J. S