neree et eorrompue. Mais je ine suis engagé
à présenter, de front , tous les genres
d observations, et celles qui ont rapport aux
moeurs des Egyptiens actuels doivent trou-
Vei une place dans une description générale.
Rossette n’ayant pas, comme Alexandrie,
une communication immédiate avec la mer,
1 on n y voyoit pas aborder cette foule d’é-
tiangers , d’aventuriers, d’hommes dangereux,
dont l’agitation , le tumulte et les
cohues ^ont l’élément, et qui rendoient si
desagteable le séjour de cette dernière
ville. Eloignée du fracas des ports , ef des
fréquentes révolutions politiques du Caire,
sa population étoit assez paisible. O n’est
pas que l’Européen y fût entièrement à
1 abri de tous désagrémens : il en avoit par
fois quelques-uns à éproûver ; mais ils n’é-
toient que bien légers, si on les comparoit
à ceux qui le suivoient à Alexandrie, et
qui l’accabloient plus particulièrement au
Caire. Le sot et ridicule orgueil qui persuade
aux Mahométans qu’ils sont les seuls
hommes que la divinité ait adoptés, les
seuls auxquels elle doit ouvrir son sein ,
orgueil que les gens de loi ou les prêtres,
les plus vains et les plus intolérans de
tous, avoient grand soin de fomenter, étoit
la principale cause de ces désagrémens. Le
Turc ne désigne l’Européen que par la qualification
d "'infidèle ; l’Egyptien musulman,
plus grossier encore , ne le traite que de
chien. Pour lu i, chrétien et chien étoient
deux synonymes si fort en usage que l’on
n’y faisoit plus attention, et que l’on en
étoit souvent gratifié par gens qui n’avoient
aucune intention d’insulter. Des Européens ,
en habit ordinaire , étoient aussi exposés, à
Rossette, à être hués, dans les quartiers
les plus populeux, et à être poursuivis par
les cris redoublés de nouzrani, nazaréen.
Les juifs y éprouvoient encore ces petites
avanies , et quoiqu’habitans du pays , ils’
y étoient beaucoup plus maltraités que les
chrétiens d’Europe. Mais cette'..nation est
composée d’individus avilisy et qui méritent
de l’être, puisqu’insensibles au mépris, à
l’opprobre que l’on versoit sur eux à grands
flots , ils s’en laissoient, pour ainsi dire, inonder
, pourvu qu’on leur laissât la facilité
d’assouvir leur vile et insatiable cupidité.
Vêtus à l’orientale, ils devoient, en Egypte,
se coiffer et se chausser d’une manière qui