à l’homme, les portent à se charger d’une
surveillance que personne ne leur confie, ne
leur indique , et il seroit impossible d’approcher
du dépôt qu’entourent ces gardiens
volontaiies. Mais ce qui n’est pas moins singulier
, c est que ces chiens ne s’éloignent
pas du quartier dans lequel ils sont nés ;
ils forment des tribus séparées, qui'ont des
limites qu’ils ne franchissent point ; celui
qui passerait d’un quartier à l’autre, serait
bientôt assailli par toute la cohorte, à l’égard’
de laquelle il seroit étranger , et il ne s’en
tirerait qu’avec peine.
Les Bédouins qui, en tous points , sont
beaucoup moins superstitieux que les Turcs,
nourrissent de grands lévriers , qui font aussi
la garde autour de leurs tentes; mais ils en
prennent grand soin , et ils les aiment aur
point que tuer le chien d’un Bédouin , ce
seroit s’exposer soi-même à perdre la vie.
Avec l’aversion la plus décidée comme
la plus injuste pour une espèce d’animaux ;
que, dans le désespoir de l’imiter, l’homme a
constitué le symbole d’une fidélité et d’un
attachement inaltérables, les Turcs ont beaucoup
de goût pour les chats. Mahomet les
aimoit. L ’on raconte qu’appelé pour des afr
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faires importantes et pressées , il aima mieux
couper la manche de sa robe, que d’éveiller
son chat qui y étoit endormi. Il n’en faudrait
pas davantage pour mettre ces animaux en
grande recommandation , si d’ailleurs leur
extrême propreté , la netteté et le luisant
de leur fourrure , leur molle tranquillité ,
leurs caresses calmes et réservées , ne les
rendoient des êtres aimables aux yeux des
Musulmans. Aussi le chat peut s’introduire
dans les mosquées ; il y est accueilli comme
l’animal chéri du prophète, et comme l’ennemi
d’autres animaux incommodes ; tandis
qu'un chien qui entrerait dans les temples,
les souillerait de sa présence, et seroit mis
à mort à l’instant. Mais obligé de fuir les
hommes, auxquels il désirerait consacrer ses
qualités domestiques, et la perfection de son
instinct, aucun chien n’est tenté de se rendre
dans les lieux où ils se rassemblent ; il n’y
auroit ni maître à suivre , ni ami à accompagner.,
Dans l’ancienne Egypte, les chats étoient
en grande vénération , mais les chiens l’é-
toient plus encore. Lorsqu’un chat mourait
dans une maison, de mort naturelle , ( car si
quelqu’un tuoit, même involontairement, un