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phraste , de Dioscoride , de Galien et de
Piine , que plusieurs modernes ont confondu
le- ni tre et le natron , qui sont.des matières
f rès-différentes.
Il est rare que îe natron soit pur. Outre
les substances terreuses dont il est presque
toujours mélangé , il n’est point un alkali
entièrement libre ; il est ordinairement uni
à du sel marin , à du sel de Glauber, enfin
à quelque peu de tartre vitriolique. Dans les
magasins , on en distingue de deux sortes : la
commune et la sultaniè, ce qui répond au
mot royal, par lequel on désignoiken France
quelques denrées d’une qualité supérieure.
Ce natron de sultan est plus blanc, mieux
cristallisé , et plus pur que le commun ; il est
par conséquent plus fort, e t, dans l’usage, on
l’emploie en moindre quantité.
Cet alkali minéral possède les mêmes propriétés
que l’alkali végétal ou la soude ;
mais il les possède à un plus haut degré d’activité.
Son principal usage est pour le blanchiment
du fil et de la toile. Voici en quoi
consiste la méthode que j’ai vu suivre à Rossette.
On arrange les écheveaux de fil dans
une grande chaudière, montée en maçonnerie
: par-dessus, l’on met une couche de
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natron ; l’on verse ensuite de l’eau froide*,
en assez grande quantité pour baigner le
fii et le natron. On laisse ainsi le tout pendant
trois jours, au bout desquels on retire le fil, et
on le suspend à des bâtons placés au-dessus delà
chaudière. Lorsqu’il est égoutté, on allume
du feu sous la chaudière, et l’on fait bouillir,
l’eau dans laquelle le fil a séjourné avec le
natron , après y avoir ajouté de la chaux..
On trempe le fil, et on le lave à plusieurs reprises
, en l’agitant dans cette lessive chaude,
sans l’y laisser. On le porte sur-le-champ au
N il, dans lequel on le lave et on le bat. On
l’étend ensuite pour le faire sécher.
Quand les écheveaux sont bien secs , on
les lave de nouveau dans le petit lait qui
découle des fromages, et qu’en arabe on
nomme mesch. C’est une espèce d’apprêt
qui donne de la qualité à la toile ; et lorsque
les Egyptiens manient une toile peu ferme,
ils disent qu’elle n’a pas de mesch.
Pour blanchir deux cents livres de f il, it
faut communément cent livres de natron, et
de soixante à quatre-vingts livres de chaux;
en observant que le natron de sultan , 'c’est-
à-dire, celui‘qui est le plus pur, étant plus
actif que le commun > doit être employée
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