par S. Nicodême, lequel, s’étant endormi I
au milieu de sa besogne, fut très-surpris de I
la trouver finie à son réveil. Ce n’étoit, en I
vérité, pas la peine d’opérer un miracle, pour 8
achever un aussi mauvais ouvrage.
Si les églises sont àPalerme d’une grande 1
beauté , le temple qu’on y a préparé à la I
nature et aux sciences, est dans un état de I
délabrement complet , ce qui prouve que |
l ’on y a plus de dévotion que de curiosité , I
plus de piété que de goût pour l’instruction. |
Le muséum est un assemblage confus d’ob- I
jets assez peu intéressans. La collection I
d’animaux est des plus misérables , et elle ne I
consiste qu’en quelques monstres conservés I
dans l’esprit-de-vin , et en des peaux rongées I
par les mites , et tombant en lambeaux. I
L ’abbé qui étoit le démonstrateur de ce ca- §
binet, médit que les jésuites en avoient en- I
levé ou vendu les morceaux les plus pré- I
deux , au moment de leur expulsion des I
.états du roi de Naples. Il y reste cependant I
quelques pétrifications curieuses , et de g
beaux morceaux d’antiquité , dont le savant !
Hamiîton , ambassadeur d’Angleterre à
Naples , a pris les dessins et les descriptions,
suivant ce que m’en a raconté le démons*
( 47 )
trateur. L ’on y voit aussi des injections anatomiques
d’un homme et d’une femme, parfaitement
bien exécutées par un médecin
sicilien qui vivoit encore. Fazelloqui a écrit
une histoire de la Sicile (i) , et d’autres auteurs
,, ont parlé des géans qui ont dû habiter
cette île , et de leurs squelettes que l’on découvre
dans les fouilles qu’on y pratique en
certains endroits. Il n’y a rien dans le muséum
de Païenne qui ait rapport à des
hommes d’une stature extraordinaire ; je
désirois d’entrer à ce sujet en conversation
avec le démonstrateur; mais il fut impossible
de nous entendre , à cause de l’extrême
différence de notre manière de prononcer
la langue latine , que j’étois obligé d’employer
, faute de connoître assez bien l’italienne.
Dans le nombre de gens instruits que
j’ai eu occasion de consulter , je n’ai trouvé
personne qui eût la plus légère idée d’avoir
jamais vu des restes de géans , ou qui eût
entendu dire qu’il en existât dans la Sicile
entière.
Les campagnes des environs sont agréables.
La Bagaria 3 en particulier, cànton à trois
( i) Thomoe Fazelîi Décades, de rebus siculis,
Catanioe, 1749.