imminent auquel elles soient exposées , est
à l’embouchure de la branche occidentale
du Nil, l’ancienne Bolbitique } aujourd’hui
Branche de Rossetle. C’est une barre for-
ïhee par les sables , sur lesquels les flots
pressés par les vents du large ,et combattus
par le courant du fleuve, viennent se briser
avec fureur. Une petite île , partageant l’embouchure
de cette branche, laisse, de chaque
côte d elle, un détroit appelé, dans le pays,
Boghass canal ou détroit : mais il s’en faut
bien que ce passage soit praticable dans
toute sa largeur. Il n’y a qu’un chenal étroit
que la mobilité du fond et l’agitation des
eaux font varier chaque jour. Un pilote,
te is9 ou patron du Boghass} est continuellement
occupé à sonder cette passe
changeante , et à l’indiquer aux germes.
Maigre ces précautions, elles échouent souvent,
et bientôt , remplies par des masses
d’eau et de sable, elles périssent avec leurs
chaigemens et leurs équipages. Les accidens
sont plus fréquens à l’entrée du Nil qu’à la
sortie , les germes qui viennent de la mer
ne pouvant pas se dispenser de donner dans
la passe, quand elles n’en sont plus qu’à peu
de distance , au lieu qu’eû descendant le
fleuve, elles retournent facilement, s i , en
approchant de la barre , elles la trouvent
trop mauvaise. Pendant la crue du Nil, les
eaux plus hautes rendent ces accidens moins
fréquens : mais, lorsque le fleuve est rentre
dans son lit , il est si peu profond à son
embouchure, qu’il est bien difficile que les
barques n’y touchent pas. Quelle que soit
l’habitude des marins égyptiens, ils ne la
passent jamais sans trembler. L ’on m’en a
montrés qui avoient éprouvé une si grande
frayeur, que leur barbe en avoit blanchi.
Pendant l’été de 1778, il n’y avoit que trois
pieds d’eau dans le chenal. On a même
observé que le terrain s’élevoit progressivement
d’une année à l’autre. L a même
chose est arrivée à la branche de Damiette
dont le Boghass y quoiqu’il fût entouré de
bancs de sable qu’une ancienne pratique
avoit appris à éviter, ne passoit pas pour dangereux:
il n’étoit même d’aucune considération
dans les arrangemens des marchands qui
frétoient les germes. Cependant, vers la fin
de l’année 1777, pendant mon séjour à Ros*
sette, ce passage se trouva absolu ment fermé,
après le plus grand accroissement du Nil y
et les premières barques qui voulurent le
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