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théâtre élégant, sur lequel on joue des pièces
de société r de superbes jardins , des eaux
agréables , et par-dessus tout , l’extrême
honnêteté du maître , tout concourt à rendre
ce séjour délici eux.
Je courus aussi à Montrèale, petite ville
bâtie au haut d’une montagne très-escarpée»
Une route magnifique et nouvellement
construite y conduit. Sur sa pente adoucie
sont, de distance en distance, de belles fontaines,
dont les eaux vives et limpides rafraîchissent
le voyageur, tandis que de9 murs à
hauteur d’appui , qui régnent de chaque
cô té , le garantissent de tout danger , et que
l’air qu’il respire est agréablement parfumé
par les fleurs d’une forêt d’orangers et de citronniers
qui croissent dans le vallon. La vue
s’étend, à mesure que l’on avance sur ce beau
chemin , et elle devient immense sur le sommet.
On lit çà et là de nombreuses inscriptions
: elles ne sont, pour la plupart, que
des jeux de mots, des concettis. Voici celle
qui est à l’entrée de la route : JJt fa c iliù s.
— E t quo fac iliù s 3 eô citiùs. Une vaste
église, bâtie par Guillaume-le-Bon , fait le
plus grand mérite de Montrèale ; elle est
toute incrustée de mosaïque, et le maîtreautel
est d’argent massif et d’un beau travail.
Dans le nombre des choses remarquables
des environs de Palerme , on ne manque pas
d’indiquer à la curiosité des étrangers, un
couvent de capucins peu éloigné de la ville ,
et dont les beaux jardins servent de promenade
publique. L’on montre, sous cette maison
, un caveau divisé en quatre grandes
galeries, dans lesquelles le jour s’introduit
par des fenêtres pratiquées au haut de chaque
extrémité. Dans ce caveau sont conservés,
non en chair, mais en peau et en os,
tous les capucins morts depuis la fondation
du couvent, ainsi que les corps de quelques
personnes de la ville. Il y a des tombeaux
particuliers pour les familles opulentes qui,
après leur anéantissement même, craignent
d’être confondues avec le reste des humains.
L ’on prétend que pour assurer la conservation
de ces corps, on les prépare en les desséchant
lentement à un feu doux , de manière
à consumer la chair, sans que la peau soit
trop altérée. Lorsqu’ils* sont parfaitement
secs, on les rêvet du costume de capucin,
et on les place debout sur des tablettes disposées
en gradins, le long des côtés du caveau
; la tête, les bras et les pieds sont nus.
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