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vont enfin être connus; ceux que Pignorance
et la férocité s’étoient efforcés d’anéantir,
recouvreront leur antique éclat, tandis que
l’on en verra reparoître d’autres que les
sables avoient ensevelis. Par-tout l’image
de la splendeur prendra la place du tableau
hideux de la destruction. Les connoissances
humaines vont s’étendre d’un p'as de géant.
Des canaux, source féconde de prospérité,
seront creusés ou réparés. Le commerce du
monde reprendra naturellement son ancienne
direction ; et ce que les Pharaons, dans toute
leur puissance, ont craint d’entreprendre,
la réunion des déux mers , les François ,
guidés par un nouvel Alexandre, que la
victoire et les sciences couronnent à l’en v i,
l’offriront à l’étonnement et à l’admiration
des siècles. L ’esprit se perd et se confond,
en contemplant cette immensité de gloire,
dont la nation françoise s’est entourée. Fier
de lui appartenir, je m’enorgueillis de pouvoir
lui co-nsàcrer le fruit de mes travaux.
C H A P I T R E I I .
B u f f o n . — D é p a r t d e M o n t b a r d . —•
C o r a i l .— T r o g l o d i t e .— L a n g u e d o c .
1— P h a l a n g i s t e .— C o n s e r v a t io n d e s
P o i s so n s . — A n e c d o t e p l a i s a n t e . —
G o l f e de L io n .
A u retour de mon second voyage de l’Amérique
, je me rendis à Montbard, où Buffon
avoit désiré de me voir. J’y passai près de
six mois; et ce temps, écoulé trop rapidement,
est assurément l’époque de ma vie
qui m’a laissé les souvenirs les plus précieux.
C’est à mon séjour dans cette retraite, temple
des sciences et du goût, que je dois le peu
que je 'vaux* C’étoit l’hiver , et l’âpreté de
la saison en écartoit les importuns. Mes \
jours s’y succédoient délicieusement, dans
le travail et dans la société du grand homme ;
société pleine de charmes, que n’altéra jamais
la plus légère^ inégalité, et que depuis je
n’ai retrouvée nulle part. Buffon n’étoit pas
du nombre de ces gens de lettres qu’Erasme
comparoit plaisamment aux tapisseries de