au contraire , très - fréquens et très- violens
pendant l’hiver.
Ce mauvais temps qui. dans cette saison,
passoit pour un phénomène, ramena les galères
de la Religion. Une salve de quinze
coups de canon , partie de Y xittalante , signala
leur entrée,,et la galère du général
salua de quatre coups. Elles étoient --armées,
ou-plutôt embarrassées par un monde incroyable;
la générale seule avoit huit cents
hommes à son bord. Elles étoient superbement
ornées ; l’or brilloit sur les bas-reliefs
et les nombreuses sculptures de l’arrière ;
d’énormes voiles rayées de bleu èt de blanc,
portaient sur leur milieu une grande croix de'
Malte peinte en rouge; leurs pàvillons élé—’
gans flottoient avec majesté; enfin, tout con-
tribuoit, lorsqu’elles étoient sous voiles, à en
faire un spectacle magnifique. Mais leur construction
les rendoit de peu de ressources dans;
les combats et par des temps orageux; l’ordre
les çonservoit , plutôt comme un simulacre
de son ancienne splendeur , qu’à raison de
leur utilité ; c’étoil une de ces vieiîlerinsti-
tutions qui avoient jadis servi à le rendre ce->
lèbre et elles n’attestoient plus que sa foi-:
blesse et sa décadence.
L ’on sait que les fr è r e s hospitaliers de
Saint-Jean de Jérusalem, , en quittant ce
titre modeste pour celui,de; , devinrent,
plutôt ■ * une réunion de militaires .,
qu’une association de 'religieux. La suite des
guerres, qu’ils eurent à -soutenir contre- les
Mahométans,. leur avoit donné l’habitude, de
l’intrépidité. Leur histoire est une série de
hauts faits guerriers ; e t, soit, que cédant à
des. forces et; à des effort ' immenses, ils durent
abandonner Rhodes , couverts- de la
gloire d’une défense qui tenoit du prodige:;
soit qqe bravant, : à Malte , la rage et la
vaillance de Soliman, ils fixèrent le terme
des tentatives des Ottomans-; on les voy,oit
déployer, dans toutes les occasions, cette
tactique du courage , qui, .transforme une
poignée d’hornmes. en une armée redoutable.
Afin -d’entretenir cette,grdeur guerrière,
ce génie des: batailles et des victoires, il lçur
- fallut conserver-cette observation des règles,
ces formes de discipline , cette austérité de
moeui-s , :qui font la forcé et la durée de tout
rassemblement de combaifans. Mais l’inertie,
ou, pour mieux dire, le découragement des
Musulmans, fut l’époque , du relâchement,
dans les institutions de l’ordre. L ’on aban-
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