Il auroit fort désiré nous présenter du café.,
mais le café, nous dit-il, étoit fermé. Quand
nous nous retirâmes, il ne se dérangea pas
plus qu’à notre arrivée. Il étoity du reste, au
mieux avec notre hôte; et ce n’étoit pas sans
raison, car il étoit non-seulement son gouverneur
, mais encore son barbier.
Nous avons demandé et obtenu la permission
d’entrer dans le château, qui est de peu
d’importance. Il est entouré, du côté de la
teire, par un fossé que l’eau de la mer remplit.
Il y a un fànal que l’on éclairait si mal, qu’on
ne l’appercevoit qu’à une petite distance.
Quelques pièces de canon de petit calibre dé-
iendoient le fort; mais elles n’empêchèrent pas
les Russes d’enlever des germes, jusques sous
les batteries. Le gouverneur nousavoit donné,
pour entrer dkns le fort, son lieutenant, officier
fort sale et fort pouilleux. Il fut tellement
satisfait de nous,; que, parTeconnoissance, il
vouîoit à toute force nous mener à la pêche ’,
parce qu’il étoit pêcheur de son métier.
Rendant la journée, le village d’Aboukir
paroissoit être sans habitans , les portes des
maisons étoient fermées , on ne voyoit personne
dans les rues. Cela venoit de ce que
presque tous ceux quiy demeuraient,. étoient
pu pêcheurs ou matelots sur les germes.
; Quand nous sortîmes du château,nous passâmes
devant la boutique du gouverneur,
ce n’étoit plus que le barbier. Il me proposa
d’acheter une bonne pierre gravée, à laquelle
ifattachoit un grand prix, parce qu’il avoit
fait buriner son nom au -revers de la gravure
antique. Afin de m’attirer les bonnes grâces
d’un homme de cette importance , je. lui payai
son cachet un peu au-dessus dejSa valeur,
• Sur la place du marché, il y a une longue
pierre,, noire , et chargée d’hiéroglyphes.
Un homme d’Aboukir s’appereevant que je
considérais avec attention : les morceaux
d’antiquité, et que je cherchoisà en découvrir
, vint m’offrir une statue, qu’il disoit être
fort belle , mais qui étoit en partie enterrée.
J’envoyai un des miens avec cet homme qui
'ne retrouva pas la statue. Cependant, afin
de ne pas perdre son temps et le profit
qu’il espérait, il se mit à remuer; la , terfe,
et, en un instant, il découvrit un très-beau
monument de « marbre , chargé d’hiéroglyphes,;;
il vint aussitôt nous en avertir. Nous
nous rendîmes sur la place , et je, vis une
petite pyramide , parfaitement conservée,
du plus beau marbre noir, et chargée le long