C H A P I T R E X V I .
F em m e s du P e u p l e . — N o i r d e s Y e u x .
— A l q u i f o u x . — R ou ge d e s ma ins e t
d e s p i e d s .—- H e n n é .— Dé p i l a t o i r e s .
— E m b o n p o in t dè s F e m m e s , l e u r
P r o p r e t é , l e u r s C o sm é t iq u e s .
P a r - t o u t o ù ü n luxe excessif est concentré
dans une classe privilégiée des villes ,
la misère et ses horreurs sont le partage de I
la classé la plus nombreuse, et la désola- I
tion des campagnes. On connoîtroit mal I
les femmes de l’Egypte, si on s’iraaginoit
qu’elles sont toutes douées des mêmes charmes
, qu’elles ont la même mollesse dans
les habitudes que les belles étrangères dont
je viens de parler, et qui, semblables à des
fleurs exotiques, dont l’éclat ne se conserve
que par des soins et des ménage mens, vivent
dans l’unique occupation de prolonger la
durée des dons qu’elles tiennent de la nature
, et de les orner des richesses de l’art.
Les femmes du peuple,'au lieu de cette
blancheur, de ce tendre coloris dont le teint I
des
des premières est animé, ont, comme les
hommes du même pays , la peau basanée,
et comme ceux de la même classe, elles
portent l’empreinte et les haillons de l’affreuse
pauvreté. Presque toutes, sur-tout
dans les campagnes, ont pour unique vêtement
une espèce d’ample tunique à manches,
d’une largeur extraordinaire, et qui leur sert
de robe et de chemise ; elle est ouverte dé
chaque côté depuis les aisselles jusqu’aux
genoux , en sorte que les mouvemens du
corps le laissent aisément entrevoir; mais les
femmes ¿’en inquiètent peu , pourvu que
leur visage ne soit jamais découvert.
Ce n’est pas assez pour les femmes riches
et oisives d’être belles de tant d’appas; il
faut encore qu’elles cberchentà emaugmenter
l’éclat par les secours de Part de la toilette ,
qui est aussi chez elles en grand crédit ;
mais cet art ne consiste qu’en des pratiques
anciennes et constantes : la mode ne vient
point les déranger, les embrouiller par de
nombreux caprices ; et si de vieilles et invariables
coutumes sont une preuve du peu
d’avancement vers la perfection, ne pour-
roit-on pas dire aussi qu’une versatilité inquiète
dans les usages est un symptôme de
Tome J. T