y ' furent seul« admis ; encore étoient - ils
séparés du grand-maître par toute la Ion-
gueui d une grande table. Les autres officiels
étoient à un autre couvert, dont les
gentilbommes du palais faisoient les honneurs
, et certes, aucun de nous ne regretta
1 ennuyeuse et froide étiquette de la première
table. Après le dîner , Rohan déposa
tout cérémonial ; il se mêla avec nous et
voulut être de toutes nos parties.
Il s en faut aussi que le territoire de Malte
suffise à la nourriture de ses habitans.
Jja plus grande partie des grains , les bestiaux
, enfin tous les objets de consommation
, la terre même comme on l ’a vu tout-
à-1 heure , y sont apportés de la Sicile, qui
est, à la lettre, le grenier et le marché des
Maltois. Les embarcations destinées à l’approvisionnement
, et que l’on appelle spé-
ronaires, sont peut-être les plus vîtes qui
existent, et elles sont montées par les marins
les plus hardis du monde.
Les pierres que l’on tire des carrières
de Malte, sont estimées pour la construction
des maisons ; leur peu de dureté ,
avant d’avoir été exposées à Pair , les rend
propres à beaucoup d’usages j on en envoie
de toutes taillées dans nos départe-
mens méridionaux, en Italie et meme au
Levant.
L ’on venoit de découvrir , depuis peu
d’années, une substance spatheuse et calcaire,
à laquelle on donnoit le nom de
pierre de Malte. L ’on en avoit fait de
très-beaux ouvrages , et le grand-maître ,
Pinto, étoit si jaloux de la posséder, qu il
avoit défendu qu’on en exportât, et meme
que d’autres que lui en fissent travailler. ¡Son
successeur, Rohan Poldux , n’etoit point atteint
d’une jalousie aussi méprisable, et je
pus m’en procurer des morceaux bruts et
polis que j’ai fait passer au cabinet national.
Mais la vraie nature de cette matière pa-
roissoit encore ignorée : elle passoit généralement
pour un marbre , quoique son
grain, sa consistance et sur-tout sa formation
, différassent beaucoup du grain , de
la dureté et de la formation du marbre.
Un de mes compagnons de voyage , qui ,
avec beaucoup d’esprit et de babil, mais
avec un fonds assez maigre d’instruction,
ne craignoit pas d’avancer quelquefois, du
ton de la suffisance, les opinions les plus
erronées, M. TotÉ, avoit établi que le pré