le premier qui ait décrit (à Gufe, en Ga-
latie) la source d’un minéral qu’ils nomment
rusma ( i) , ajoute que ce minéral seul
ne peut servir qu’après qu’ils l ’ont battu
en poudre bien subtile 3 mettant la moitié
autant de chaux vive que de rusma , qu’ils
detrempent en quelque vaisseau avec de
l ’eau (2). Ainsi, le rusma de Bellon ne
donne point seul un dépilatoire, et il contient
quelque substance caustique, qui, mêlée
avec la chaux, lui donne cette propriété.
Et cette présomption est confirmée par
1 experience du citoyen Valmont de Bomare,
q u i, ayant reçu de Constantinople quelques
petits morceaux de rusma minéral ,
s’apperçut qu’en en jetant sur des charbons
ardens , il s’en exhaloit aussitôt une vapeur
qui fait soupçonner que c’est un calchitis
minéralisé par le soufre et par l’arsenic (3).
Le même naturaliste dit encore que ce dépilatoire
est très-rare en France et qu’on
l y vend au poids de l’or. Mais comment
concilier cette rareté , ce haut prix , avec
1 abondauce du rusma } dans les pays de
( 1 ) Observ. li'v. 3 , chap. 33.
(2) Ibidem. ; . J
(3) Dict, d’Hist, nat. art. Rusma.
Turquie ?
Turquie ? Comment une chose aussi commune
seroit-elle restée inconnue jusqu’à présent?
L ’oja en offre dans tous les bains,
et il eût été facile aux François qui, dans
les grandes échelles du Levant, se plaisoïent
à les fréquenter, de s’en procurer et d’en
envoyer en France. Mais c’est que , d’apres
l’observation de Bellon , mal comprise , et
altérée dans plusieurs ouvrages de matière
médicale, l’on ne vouloit pas voir le rusma
3 dans une préparation, et que l’on y
cherchoit toujours le minéral, une mine
tirée de terre et légèrement brûlée , de
laquelle Bellon a fait mention , sans faire
attention que quelques lignes plus bas il ajoute
qu’il a besoin d’être mêlé avec la chaux,
pour qu’il prodùise l’effet que l’on en attend.
Ce mélange est le vrai rusma des Turcs;
e t, comme je viens de le dire, les Arabes
le nomment nouret mot qui , suivant le
dictionnaire turc, est persan. H est certain
que le rusma et le nouret 3 sont la même
substance ou plutôt la même composition ;
e t , si l’on consulte le même dictionnaire
turc , aux mots nurè et nuret ( 1 ) , l’on verra
(1) Thésaurus linguarum orientalium, etc. Au t.
Meuinski. Vie rau e , 1680.
Tome I, V