de vie errante. Sans étables pour les renfermer
, ils n’ont pas besoin d’entraves pour
les contenir. Le dromadaire paissant en li-
berté*pendant le jour , vient le soir s’accroupir
de lui-même devant la tente de son maître,
et cette même tente couvre le Bédouin et sa
famille, aussi bien que sa jument, quelques
chèvres et quelque brebis. Rien ne les sépare
: ils passent ainsi les nuits ensemble i
sans confusion , sans accidens et dans la plus
parfaite tranquillité. Il n’est pas étonnant
que des animaux, qui font avec l’homme une
société si intimé , soient les plus privés du
monde; et comme cesont les Bédouins , ou
des peuples ressemblans aux Bédouins , qui
les ont fournis et qui les fournissent journellement
aux autres nations établies dans
les mêmes pays , il n’est point étonnant
encore que l’on y remarque généralement
des habitudes douces et paisibles dans tous
les animaux domestiques.
Un animal qui poürroit augmenter le
nombre de ceux que les Egyptiens ont habitué
à la domesticité , est la mangouste ou
Fichneumon fi). L ’on en a beaucoup écrit,
( i ) Mangouste. Bu ffbn, Hist. nat. des Quadrupèdes.
1— Viverra ichneumon. Lin.
et Fon en a écrit beaucoup de fables. C’étoifc
l’un des animaux sacrés de l’ancienne Egypte.
On lui rendoit des honneurs a sa mort ; on
l ’entretenoit avec grand soin , de son vivant;
des fonds étoient destinés à sa nourriture
, ainsi qu’à celle d’autres espèces ; ou
lui servoit, comme aux chats, du pain trempé
dans du lait , ou du poisson du N il, coupé
par morceaux ( 1) ; et il étoit généralement
défendu d’en tuer. Objet du culte d’un peuple
célèbre , prétendu protecteur du pays
le plus singulier du monde contre un fléau
des plus fâcheux chez un peuple agricole ,
étranger et inconnu dans nos climats , que
de motifs pour produire le merveilleux! Aussi
n’a-t-il pas été épargné. La plupart des
voyageurs ont vu la mangouste , sans l’examiner
; et l’esprit prévenu par les contes
que les anciens et les modernes ont débités
à son sujet, ils les ont copiés successivement
dans leurs relations. C’étoit au flambeau de
la critique , guidé par le génie de Buffon ,
qu’il étoit réservé de dissiper une foule
d’erreurs qui obscurcissent l’histoire naturelle
, en général , et celle de la mangouste,
(1) Voyez les notes sur-la trad. d’Hérodote , par le
citoyen Larcher , §. 65 et 67.
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