non pas que je fusse tenté de répéter î’eX-
perience de Corneille Je Bruyn qui, après
avoir assure gravement que les caméléons
qu il tenoit dans sa chambre , à Smyrne, se
nourrissoient de Pair, ajoute qu’ils moururent
les uns après les autres , en peu de
temps (i) ; mais je voulois connoître jusqu’à
quel point ils pouvoient se passer de
nouniture. J avois pris toutes les précautions
, pour qu’ils en fussent absolument
privés, sans qu’ils cessassent d’être exposés
au grand air. Ils vécurent ainsi pendant
vingt jours : mais de quelle vie ! De gras qu’ils
etoient lorsque je les pris, ils furent bientôt
très-maigres. Avec leur embonpoint, ils perdirent
peu-a-peu leur agilité et leurs couleurs
; leur peau devint livide et ridée; elle
se colla sur les os, en sorte qu’ils paroissoient
desséches , avant de cesser d’exister.
Les catacombes servent souvent aussi de
retraite aux chackals, très - nombreux dans
cette partie de l’Egypte : ils ne marchent qu’en
grandes troupes et ils rôdent autour des habitations.
Leurs cris sont inquiétans, particulièrement
pendant la nuit ; c’est une espèce
de glapissement que l’on peut comparer
(i) Voyage au Levant} tome i , page 5x5.
aux plaintes aiguës d’enfans de différens âges.
Ils dévorent avec avidité les cadavres et les
voiries; enfin, aussi cruels que carnassiers»
ils ne sont pas sans danger pour les hommes.
C’est du Chackal qüe doit s’entendre tout
ce que les auteurs’ont dit du loup ët meme
du renard d’Afrique; Car, en convenant que
ces animaux ont assez de rapports entre eux,
il est pourtant vrai de dire qu’il n’y a ni loups
ni renards dans cette partie du monde. Le
nom que le chackal porte.en Egypte éstdeib1.
'les fellahs ou les habitans de la campagne
l’appellent aussi , et saris doute d’après quelque
coûte populaire, abou Soliman t per&
de Soliman.
Ces animaux féroces ne craignoient pas
' d’approcher d’Alexandrie; il en parcouroient
l’enceinte pendant la nuit ; souvent ils la
franehisSoiënt par lés brèches dorit elle étoit
coupée ; ils entroient dans la ville , y •cher-
chôient leur proie et la remplissoient de leurs
cris : espèce d’association digne des homtriés
qui l’habitoient.
Mais un animal plus doux et en même
temps plus extraordinaire, qui établit ses loger-
mèns souterrains dans les environs d’Alexandrie,
est la gerboise ou jerbo.