ï’âpreté du sol, et la férocité de ses dominateurs.
Des rues étroites et mal ordonnées sont
sans pavé comme sans police ; aucun édifice
public , aucun bâtiment particulier n’arrête
les regards du voyageur , e t , en supposant
que les restes de l’ancienne ville n’eussent
pas frappé sa vue, il ne trouveroit rien
dans celle-ci qui pût attirer son attention.
Des Turcs , des Arabes , des Barbaresques,
des Coptes , des Chrétiens de Syrie , des Juifs
formoient une population que l’on peut
évaluera cinq mille habitans , autant qu’il
est possible d’en juger dans un pays où l’on
ne tient registre de rien. Le commerce y
attire en outre , de toutes les contrées de
l ’Orient, des étrangers qui n’y font qu’un
séjour momentané. Cet assemblage confus
d’hommes de diverses nations , jalouses et
presque toujours ennemies les unes des autres,
offriroit à l’observateur un mélange singulier
de costumes et de moeurs, si un repaire
de brigands valoit la peine d’être observé.
On les voit se presser dâns les rues, et y
courir plutôt qu’y marcher : ils crient aussi,
plutôt qu’ils ne parlent. Je me suis arrêté
souvent près de quelques personnesqui me
( M )
paroissoient agitées parla colère : ellesdon-
noient à leur voix toute l’intensité qu’uné
large et forte poitrine pouvait fournir ; leur
physionomie portoit les traits de la passion ;
leurs yeux étinceloient ; des gestes violens
accompâgnoient des discours qui sembloient
plus violens encore. Je m’approchois avec là
crainte de les voir s’égorger à l’instant,, et
fétois tout étonné d’apprendre qu’il ne s’a-
gissoitque d’un marché de peu d’importance;
qu’aucune de leurs paroles n’etoit menaçante;
que leur extérieur seul étoit en mouvement;
qu’enfin tout ce fracas n etoit que
leur manière accoutumée de marchander.
Cette coutume de donner à sa voix la plus
forte inflexion en parlant, est commune à
presque tous les peuples orientaux, a l’excep -
tion des Turcs, dont le maintien et les habitudes
sont plus graves et plus posées ( i ).
Il n’est personne parmi nous , qui n’ait pu
( iV « Les Indous parlent d’un ton de voix très-haut j
s> ce qui me parut djésagreable , jusqua ce que 1 habi—
» tude , qui nous fait prêter à tout, me le rendît fami-
» lier ». Lettre d’un particulier qui a passé plusieurs
jannées au service militaire de la compagnie (angloise)
à Bombay , insérée dans les V oyag e s en Europe, en
Asie et eu Afrique ) Ear Makintosh , tome i .
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