\roï!à ce que Ton peut appeler des économies
ruineuses , et elles n’étoieni point
rares.; Tandis que l’on dépouiHoit l’homme
utile dé sa subsistance, les poches.de l’homme
puissant, auquel on devoit savoir gré quand
if n’étoit pas nuisible, se remplissoient d’or.
S’inquiétant peu de l’intérêt général, objet
de la pensée la plus chère du citojen utile ,
mais presque toujours mis de côté, il n’avoit
que trop souvent des 5? eux que pour ce qui
pouvoit flatter son ambition et satisfaire sa
cupidité; Cependant les représentations et
les sollicitations des négocians d’Alexandrie,
remportèrent sur la fantaisie de l’ignorance
des localités , et la place si chétive de
drogman à’Aboukir Fut conservée. Le pauvre
juif nous racontoit. qu’il âvoit appris que
s a petite pension devoit lui être ravie. Il
ajoutoitiavec une noble simplicité: J ’ai
toujours été tranquille. J ’aurois montré les
brevets honorables dont mes pères ont été
pourvus} les attestations des services imp
o r t o n s : qu’ils ont rendus à la nation
française 3 les preuves du zèle a c tif qui
m’a animé pour ses intérêts § et il eut
été impossible que la justice du gouvernement
auquel j e suis attachéi eût permis
que l ’on m’ôtât les moyens d’existence.,.
Nous nous gardâmes bien de le troubler
dafis sa touchante sécurité ; mais je disois
à mon compagnon : Le bonhomme est simple »
pauvre, et peut-être nécessaire; on ne l’écou^
tera pas. : il seroit sacrifié, sans faire la
moindre attention à ses droits, à ses ser-r
vices, non plus qu’à ses réclamations. De
pareils sacrifices sont les menus plaisirs des
gouvernemens, et les actes les plus ordinaires
de leur justice.
La maison de Mallüm-TTousef (1) [c’est
le nom du juif] est dans une belle situation :
elle, est assez vaste, et elle auroit offert des
logemens commodes, s’ils avoient été netf
tpyés. Les voyageurs devoient se munir de
pain : l’on n’en trouvoit point à acheter à
Aboukir. L ?on s’y procurait assez facilement
d?aille.urs du poisson, des oursins , des huîtres
et d’autres; coquillages, et l’on pouvoit se
reposer, sur. les soins du drogman et.de son
fils, pour l’achat des provisions. Ils nourris-
( j ) L e mot Mallüm répond assez à celui de maître. :
Mallüm-Y'ousèf, maître Joseph. C ’est la dénomination
que, les Turcs donnent à ceux qu’ils ne veulent pas distinguer,
mais qu’ils mettent cependant au-dessus de la
classe la»plus basse.
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