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m’a dit que ce dernier êcueil étoit la re»
„ traite d’une grande quantité de phoques et
de goélands.
Nous vîmes derrière le vaisseau une
troupe de petrels , connus des navigateurs
sons le nom d’oiseaux de tempête ( i ). Lorsqu’ils
arrivèrent près de nous, il étoit trois
heures du soir, le temps étoit beau , le vent
au sud - e s t, presque calme. Mais à sept
heures, le vent passa au sud-ouest avec
beaucoup de violence. Le ciel se couvrit et
devint orageux, la nuit fut très-obscure, et
des éclairs redoublés en augmentoient l’horreur
; la mer s’enfla prodigieusement , et
nous fûmes enfin obligés de rester toute-la
nuit sous nos basses voiles (2). Ce coup de vent
dura jusqu’à midi du i 5. Nous étions alors
par le travers des bouches de Boniface, ou du
détroit qui sépare l’ile de Corse de celle de
Sardaigne , et à douze ou quinze lieueè des
(1) Oiseau de tempête. Buffonj hist. nat. des Ois.
et pl. enlum., n°. gg3. Procellarict pelagica. L.
(2) Ce qui précède depuis le dernier alinéa, est
rapporté y dans l’histoire de Y oiseau - tempête, par
BulFou ( Hist. nat. des Ois. ) , comme un extrait du
Journal d’un Navigateur. C’est de mon journal que
celte note a été tirée.
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côtes. Il est rare de naviguer dans ces parages
, sans essuyer du mauvais temps. La
mer, repoussée en sens contraire par une
grande étendue de côtes, et par de nombreux
écueils, agitée par des vents, dont une
multitude de détroits change fréquemment
la direction, y est assez ordinairement élevée
et tumultueuse. Pendant le gros temps de la
matinée, des cailles et des tourterelles, croyant
trouver sur Je. vaisseau un asyle contre la
tempête, vinrent s’y poser. Mais cet abri
inhospitalier ne garantit pas de la mort ces
voyageuses infortunées ; elles se laissèrent
toutes prendre à la main , tant elles étoient
fatiguées ou épouvantées de la sorte de confusion
d’élémens au milieu de laquelle elles
étoient. J’observai que les tourterelles arri-
voient par paires. Des troupes nombreuses de
marsouins sillonnoient les eaux, à quelque
distance du bâtiment, tandis que, d’un autre
côte, une tortue en pressoit pesamment la
surface.
Le 16, nous éprouvâmes encore un coup de
vent d’ouest-sud-ouest, mais moins fort que
le premier ; et le 17, nous découvrîmes Ustica
, île dépendante de la Sicile. Elle n’a que
quatre lieues de tour, et elle paroît cultivée.
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