erreurs. Il est d’autant moins excusable,
qu’il ne se déterminoit à dénommer, qu’après
un examen long et même minutieux.
Mais il a vo it, comme Linnæus , son maître,
la manie de rapporter au même genre, des
êtres que la nature avoit séparés. Cette réunion
d’objets , souvent très-éloignés les uns
des autres dans le véritable système de la
nature , n’étoit fondée que sur quelques rap-
prochemens dans les formes extérieures : rap-
procbemens isolés , vagues, prisauhasard, et
si peu stables qu’on pouvoit les quitter, et
qu’on lesquittoit en effet, pour en prendre
d’autres également précaires , au moyen
desquels , le même animal changeoit de
place ou de genre, à la volonté du nomen-
clateur (i).
Après avoir reconnu chaque forme en particulier
, en saisir et en comparer l’ensemble,
étudier sur-tout les moeurs , les habitudes, ne
porter dans ses observations, ni prévention ,
ni esprit de système; voir les choses comme
elles sont, et non comme on Voudroit qu’elles
fussent, tel est le caractère des.yrais naturalistes
, tandis que celui des nomenclateurs est
( i ) Voyez-en la preuve dans la noriienclattlre,
page i 58,à la noté.
de
de tout embrouiller. Le jerbo nous fournit
un exemple de cette confusion dans la science
de la nature ; quelques ressemblances prises
chacune séparément, l’ ont fait comparer
au lièvre, au lapin , au ra t , au mulot,
etc., quoiqu’il diffère si évidemment des uns
et des autres, que tout homme privé de la
plus légère connoissance en histoire naturelle
, mais en même temps doué d’un bon
esprit , ne les confondra jamais. Cependant
ces dénominations impropres de lièvre 3 de
lapin y de rat y de mulot, etc. ont été attribuées
également au jerbo, par des naturalistes
et par des voyageurs moins instruits;
et il est digne de remarque, que l’érudition,
sans génie, produise quelquefois les mêmes
effets que Pignorance.
C’est principalement dans les climats brû-
lans de l’Afrique , que la nature semble
avoir pris plaisir à varier, d’une manière toute
singulière, les formes des êtres qu’elle y a
placés , et à s’écarter des règles et des
proportions qu’elle sembloit avoir adoptées,
si toutefois on peut appeler écarts, les preuves
de son immense et riche fécondité. C’est
sur ce sol de feu que se trouve la giraffè
ou caméléopard, remarquable par la hauteur
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