d’objets nouveaux et précieux, dont la con-
noissance répandroit le plus grand jour sur
toutes les parties de la physique générale.
Qu’il me soit permis de consigner ici le dessein
que j’avois formé, il y a quelques années
, de pénétrer dans ces régions q u i,
jusqu’ à présent/, ont passé pour inaccessibles.
Mou intention étoit de parcourir toute
la longueur de l’Afrique, dans son milieu,
depuis le golfe très-peu connu de la Sidre ,
jusqu’au cap de Bonne-Espérance. Je tiens
à honneur d’avoir conçu ce projet dont l’imagination
s’effraie, et de m’être senti assez
de courage pour l’exécuter , si le gouvernement
avoit daigné me seconder. Je reviendrai
, dans la suite, sur le plan que je m’étois
tracé, et qui, s’il eut été suivi, auroit assuré
à la France la gloire d’une entreprise non
encore tentée, et que des étrangers paroissent
vouloir lui enlever. Mais je viens à la description
du jerbo.
Sa taille est à-peu-près celle d’un gros
rat : il a la tête large, grosse à proportion du
corps, le dessus applati et d’un fauve clair
nué de noirâtre ; la machone supeiieure
p l u s avancée que l’inférieure, l’une et l’autre
garnies de deux dents incisives seulement;
celles d’en haut larges, coupées carrément,
plates et divisées dans leur longueur, par
une rainure qui les partage au milieu; enfin
celles de la mâchoire inférieure plus longues,
convexes extérieurement, pointues à leur extrémité,
et recourbées en dedans. On voit que
ces dents sont, ou peu s’en faut, disposées
et formées comme celles du lièvre, du rat
et du mulot, et cette ressemblance a valu
tous ces noms au jerbo. Il eût été tout aussi
raisonnable de le prendre pour* un castor ou
pour un porc-épic, lesquels sont également
dénués de dents canines, et n’en ont que
quatre incisives. Le museau est court, large
et obtus; un nombre de poils roides s’étendent
de chaque côté, et forment de longues
moustaches. Le nez est nu , blanc et cartilagineux
; les yeux giands et saillans ont
l’iris brune ; les oreilles sont longues, amples
et couvertes d’un poil si court, qu’à
moins d’y regarder de près, elles paroissent
nues. Extérieurement , elles sont blanches
dans la partie inférieure, et grises dans le
reste de leur longueur ; leur intérieur, de
même que les côtés de la tête, est d’un fauve
très-clair, mêlé de gris et de noirâtre ; elles
entourent entièrement, sur le tiers environ
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