avec Fureur sur de petits crocodiles qu’on
leur présentait (i)', c’étoit l’efFet de leur
appétit pour toutes les sortes de reptiles, et
nullement celui d’une haine particulière, ou
d’une loi de la nature, en vertu de laquelle
elles auroient été spécialement chargées
d’arrêter la multiplication de ces amphibies,
ainsi que beaucoup de gens l’a voient imaginé
(2). Il eût été , tout au moins , aussi
raisonnable de dire que la nature n’avoit
placé les mangoustes sur la terre , que pour
empêcher la trop grande propagation des
poules, auxquelles elles nuisent, en effet,
beaucoup plus qu’aux crocodiles.
Et ce qui prouve d’autant mieux , que les
hommes ont eu tort de prêter de pareilles intentions
à la nature, au sujet des mangoustes,
c’est que , dans pfus de la moitié septen-
( 1 ) Maillet, Descrip. de l’E gyp te , pavlie 2 , page 3q.
(2) Maillet, à l ’endroit cité. Voyez encore l’Histoire
de Chypre, de Jérusalem et d’Egypte , par le chevalier
Dom. Jauna, tome 2 . Etat présent de l’Egypte, p. I 2 3 o .
E t remarquez: que ce dernier, presqu’en tout copiste
fïdele de Maillet, a enchéri ici sur son modèle, en
ajoutant d’autres fables que Mailler a dédaignées. C ’est
de cette manière qu’on se permet souvent d’écrire d’immenses
in-40.
trionale de l’Egypte , c’est-à-dire, dans
cette partie comprise entre la mer Méditerranée
et la ville de Siout, elles sont tres-
communes , quoiqu’il n’y ait point de crocodiles
: ' tandis qu’elles sont plus rares dans
l’Egypte supérieure , où les crododiles sont,
à? leur tour, très-nombreux. Les mangoustes
ne sont nulle part plus multipliées que dans
la basse Egypte, laquelle mieux cultivée,
plus habitée, plushumid.e et plus ombragee,
présente aussi plus abondamment de quoi
fournir à leur chasse et à leur nourriture, et je
le répète, les crocodiles n’y paroissent jamais»
Je relèverai à ce sujet une erreur qui
ne seroit d’aucune importance , dans les
écrits d’un voyageur d’une moindre réputation
que M. Shaw; ce sera une preuve à
ajouter à tant d’autres, de la défiance et du
discernement à apporter quand on visite des
pays éloignés, toutes les fois que, ne pouvant
observer soi-même, l’on croit pouvoir
s’en rapporter à des informations trop souvent
fautives. «Les Egyptiens, dit M. Shaw,
1» connoissent si peu le véritable crocodile,
» qu’ils appellent timsah, et qu’il est si
» rare de trouver au-dessous des cataractes
» du îiil, que les Egyptiens ne sont pas moins