thode., monumens que l’art érige dans nos
enclos a. la monotonie. Tout y semble jeté
qu hasard : l’oranger, et le citronnier entrelacent
leurs rameaux, et la grenade pend à
cote duçorsosol, Sous un ciel étranger aux
Rimais,, leurs fleurs exilaient en tout temps
un parfum que l’odeur suave des grappes du
Tienne ( i ) rend encore: plus délicieux. Les
plantes potagères, croissent sous cet ombrage
embaumé. Le dattier , en élevant sa cime
au-dessus des autres arbres, écarte jusqu’à
la plus légère apparence d’uniformité.: aucun
arbre, aucune plante n’a de place marquée ;
tout y est varié , tout J est répandu avec
Une espèce de désordre qui n’a d’autre règle
que l’abondance, et que l’on revoit chaque
jour avec un nouveau plaisir. Cette confusion
n’est-elle pas, en effet, la simétrie de
la nature? Le soleil peut à peine introduire
ses rayons à travers ces , vergers touffus j de
petits ruisseaux y amènent, en serpentant,
la fraîcheur etTajiment de la végétation ; des
sentiers tortueux y conduisent. C’est là que I
le Turç. oisif, assis, toute une journée avec
une pipe et du café., semble méditer profondément,
et ne pense, à rien. Plus digne
. (x) Grand arbrisseau, dont, ,p parlerai bientôt. ?
de jouir de ces retraites enchantées s’il sa-
voitles partager avec une compagne, chérie;
mais l’exemple des oiseaux, le rqqçoulement
amoureux des tourterelles qui animent ces
berceaux naturels r ne peuvent disposer son
ame à la tendresse ni le tirer de sa froide
apathie, de sa sombre insensibilité. Il fuit,
il méprise un sexe dont la présence ajouteroit
de nouveaux charmes à des lieux ravissans,
et guidé par une orgueilleuse indifférence,
il repousseroit la main des Grâces, si elles
tentoient d’y élever un autel au bonheur. Le
farouche Musulman respecte du moins ce
qu’il dédaigne d’imiter : ces mêmes tourterelles,
emblème d’amour et de fidélité, vivent
près de lui avec une entière sécurité;
il ne les inquiète jamais ; il se plaît à les voir
former société avec lui, elles sont enfin pour
lui des oiseaux sacrés. L ’Européen seul osoit
violer cet asyle : je l’ai vu quelquefois, sans
s’embarrasser des murmures des habitans ,
regarder comme un amusement de porter ie
trouble et la mort au milieu d’un peuple aile
d’amans; amusement barbare, que le prétexte
d’exercer l’adresse ou un léger motjf d’utilite
ne pouvoit excuser, puisque ces. oiseaux,
accoutumés à l’homme, ne fuient; pas devant