Flandres â grands personnages, qui ont
besoin , pour produire leur effet, de n’être
apperçus que de loin. Sa conversation étoit
aussi agréable qu’intéressante, et il y raêloit
une gaîté franche , urt ton de bonhomie qui
mettoient tout le monde à l’aise. A ces qualités
sociales , il joignoit les belles formes
du corps; il étoit, comme Platon, de la
stature la plus brillante et la plus robuste :
de larges épaules annonçoient sa force; son
front étoit élevé et majestueux , et il se fai-
soit remarquer par la noblesse de son maintien
, et par la dignité de ses mouvemens (i).
Mais il avoit de plus que la plupart des anciens,
ce soin de soi-même, cette propreté
élégante dans les vêtemens , qui marquent
l’attention et la déférence pour les autres. •
Le gouvernement avoit nommé M. Tott
inspecteur des échelles du Levant et de Barbarie
, et avoit ordonné l’armement d’une
frégate du port de Toulon pour l’y conduire.
Je reçus l’ordre de m’embarquer sur ce bâtiment
de guerre, et d’en suivre la destinac
i ) Erat et speciosissimo et robustissimo corporis.
habita. TJndè et à latis liumeris, amplâ J'ronte et
egregio totius corporis habita, orationis ai et ubertate,
Plato nuncupatùs èst. Platonis vita, aut. Marsilio Ficino.
tion.
C *7..)
tïon. Mais la mienne futchangée depuis, et je
quittai l’expédition à Alexandrie, pour voyager
en Egypte. Je partis de Montbard, après
avoir reçu de Buffon des voeux et des em-
brassemens que je regardai comme la. bénédiction
du génie. La^ poste me transporta
rapidement à Marseille , où je ne restai que
quelques instans.
Un particulier avoit imaginé de creuser
une colline des environs de la Ciotat, jusqu’à
la mer , dont les eaux s’avancent sous les
terres ,par de grandes cavités , en quelques
endroits de la côte. Il prétendoit que ces
cavités souterraines renfennoient une immense
quantité de coraux y dont l’exploitation
facile devoit ajouter considérablement
à cette branche de commerce , et enrichir
son auteur. Des mémoires avoient été
adressés à Versailles, afin d’obtenir des en-
couragemens et des secours. Le ministre
avoit consulté Buffon , qui me remit les
mémoires pour que je prisse les éclaircis-
semens sur les lieux mêmes. A mon arrivée
à la Ciotat, il n’étoit déjà plus question de
cette entreprise ; les travaux commencés
étoient abandonnés , et l’on n’y songeoit
plus.
Tome I. B