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vidus qui la composent diffèrent encore entre
eux parla couleur de leurs pieds; quelques-
lîns les ont noirs ; d’autres , verdâtres , et
plusieurs les ont jaunes. Il y a tout lieu
de présumer que cette variété est l’ effet
de l’âge ou du sexe, et non une distinction de
races. La grande et la petite espèces portent
sur le dos les longues plumes effilées et
sojeuses qui servent à faire des panaches
et des aigrettes. Tous n’ont pas cette parure
naturelle , peut-être est-elle réservée aux
seuls mâles. Quoi qu’il en soit, il eût été facile
de se procurer , en Egjpte , les plus
belles plumes de ces oiseaux ; car ils étoient
très-multipliés dans la partie basse de cette
contrée , et plus particulièrement vers
Damiette , où les eaux , dont ils aiment le
voisinage , occupent plus d’espace. Les ha-
bitans ne leur faisoient pas la chasse , et personne
n’en rrtangeoit.
Je ris encore , lorsque je me rappelle la
petite aventure à laquelle les aigrettes donnèrent
lieu , à mon voyage de Rossette à
Alexandrie avec M. Tott. Il menoit avec
lui un petit chirurgien , tout boursouflé de
sottise et de suffisance. Réunissant leurs con-
noissances en histoire naturelle, ils a voient
décidé que Tes nombreuses aigrettes, dont I»
blancheur éclatante , emblème si intéressant
de candeur et de virginité ( i ) , faisoit le fflui
bel ornement des rives du N il, étoient les ibis
des anciens, oiseaux auxquels l’antiquité a déféré
les plus grands honneurs. Quoi qu’on pût
leur dire, ils ne voulurent pas se départir
de leur opinion. Un souvenir dédaigneux se
reportoit sur les voyageurs qui les avoient
précédés, et qui n’avoient pas eu l’esprit de
voir des ibis en Egypte, tandis qu’eux en
rencontroient une foule, dès les premiers pas^
Us s’applatîdissoient d’être en état d assurer
que les ibis étoient les oiseaux les plus communs
de l’Egypte ; ils vouloient aussi en
faire une ample collection. A chaque aigrette
qu’ils appercevoient , ils crioient a tuè-tete,
pour déterminer les mariniers Egyptiens à
manoeuvrer de maniéré a les mettre a portée
de la tirer. Ceux - ci s’impatientoient, et
juroient de tant de retards et de travaux f
dont ils ne pouvoient concevoir l’importance.
( i ) C ’ est une belle idée qu’a eue Hasselquitz ( Voyag..
au Levant ) d’avoir nommée l ’aigrette blanche , héron
vierge , ardea virgo. Si toutes les dénominations pré -
sentoient autant de vérité et de charmes que c e lle -c i> Ut
nomenclature ne seroit pas une science si aride.
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