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pagnes de Rossette , les graines qu’il y produit
ne sont pas estimées : on leur préfère
celles qui viennent de la Nubie , où vraisemblablement
cet arbrisseau est indigène.
Je vis encore plusieurs champs, couverts
de l’espece de grand millet., que l’on nomme
en -Egypte , dourra (ï). C’est un objet > de
g rande culture , dont les récoltes sont abondantes.
On évalue leur produit à près de cinquante
pour un. Les Egyptiens font du pain,
ou plutôt des galettes assez mauvaises , avec
les grains du dourra : ils leur attribuent aussi
de grandes vertus pour guérir les fractures
des membres, en les appliquant réduits én
poudre.
Le grand oeillet d’Inde (2) montroit ses
belles fleurs jaunes au milieu des autres
plantes de quelques jardins.
Nous étions à l’époque où les canards de
plusieurs espèces , arrivent de toutes parts
dans la basse Egypte. Les petites espèces,
comme les sarcelles, y viennënt au commencement
d’octobre, et les plus grosses paraissent
plus tard. Toutes se rassemblent sur
, (1) Holcus durra. L.;— Eorskal ; Flora egyp.-arab.
p. 174-
(2) Tageies erecta. L . — Eorskal, ibidem , p. cxx.
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les lacs du Delta, qui ne sont pas loin de Rossette
et de Damiette, ety forment des troupes
innombrables, qui ne disparaissent qu’après
l’hiver. L ’on se sert de filets pour les prendre,/
et cette chasse , très-abondante, n’avoit pa^
échappée à la tyrannie fiscale des! Mameloucks
ou de leurs préposés ; elle étoit affermée , et
par conséquent exclusive. L ’on appôrtoit sur
les marchés de Rossette une grande quantité
de ces oiseaux : ils s’y vendoient à. très-bon
compte. Les Mahométansne mangeant d’aucun
animal qui n’auroit pas été saigné, on
coupoit le col aux canards, ou on les laissoit
vivans , après leur avoir rompu les ailes que
l’on lioit sur le dos, en sorte qu’il étoit très-
difficile de se procurer un de ces oiseaux qui
ne fut pas mutilé , ou dont le plumage ne fût
pas endommagé.
C’est dans la même saison que les grives
arrivent dans les mêmes contrées pour ne
les quitter qu’au mois de mars. Mais, tandis
que les canards vont animer les amas d’eaux
écartés , les grives restent près .des habitations.
Elles se plaisent dans les mêmes vergers
que les tourterelles , et elles recherchent
, comme elles , l’ombrage épais et
embaumé des orangers et des citronniers.
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