de cuisine ? Les pauvres au moins en fo n t-
ils usage? L ’emploie-t-on aussi à saler
le P0 & ? Le sel marin est en grande abondance
en Egypte, et à très-bas prix, de sorte
que les habitans n’ont pas besoin d’y suppléer
par le natron, qui est à moins bon marche.
Dans la huitième partie de la même
question, M. Michaëlis demande encore : S i
on ne trouve du natron que dans le lac du
désert de Saint - Macaire. On le trouve
dans le lac appelé de Terrana , parce
que c’est à ce village qu’on l’embarque sur
le N il, et ce lac est, en effet, dans le désert
de Nitrie ou de Saint-Macaire. Il y en a
encore dans un lac moins considérable ,
proche de Damanhour ; mais celui de
Terrana est le plus grand, et fournit bien
plus de matière.
L ’exploitation du natron étoit affermée,
et d un assez grand produit pour ceux qui
en étoient chargés et pour le trésor public.
Cette ferme ne ressembloit pas à l’adjudication
forcée du séné, que le gouvernement
du Caire avoit imaginé de faire prendre
auxnegocians européens qui y demeuroient.
Ils etoient obligés d’acheter la grande quantité
de cette drogue, que l’on recueille dans
la haute Egypte. C’étoit, à leur égard, une
espèce d’avanie (1) ; car la récolte du séné
étoit si considérable , qu’ils ne pouvoient
en trouver le débit. L e s 'marchands Vénitiens
prenoientle tiers de la récolté annuelle,
et les François les deux Autres tiers, dont
le prix faisoit, pour ces derniers , une somme
de plus de 25,000 francs. Leur perte itovt
encore augmentée par la convention’ qu ils
avoient faite avec les droguistes de Marseille,
de ne vendre le séné qu’à eux seuls, et
ceux-ci, de leur côté, étoient autorisés à
n’en prendre que la quantité qui leur étoit
nécessaire. Il résultait de cet arrangenient,
que la plus grande partie du séné restait
aux marchands François. U y en-avoit encore
, dans leur maison de Rossçtte, des
magasins remplis depuis plusieurs années.
Pendant que nos négocians, liés, par leur
engagement avec les droguistes deMaiseille,
perdoient beaucoup sur cette denree , les
Vénitiens V gagnoient, en la faisant passer
( ! ) C ’ est ainsi que l ’ on nomme , dans le commeice
du Levant, les moyens violens et vexatoires que les
Turcs emploient jo u r tirer de forgent des Européens.
Ces avanies .se suc cédoient en Egypte d’une
manière effrayante.