les louanges de la divinité, de laire retentir
les voûtes de ses temples des accens harmonieux
de malheureuses victimes que, par
un raffinement de barbarie, ils avoient rayés
de la liste des hommes. Mais, ce que l’on
a peine à croire , c’est que cette idée de
mutilation ait pris naissance dans la tête
d’une femme. Une reine célèbre dans l’an-
tiquite, Semiramis, qui, par ses richesses,
sa puissance, ses victoires et l’éclat de son
règne, fut placée au-dessus de tous les
autres mortels , Sémiramis est la première
qui donna l’exemple d’une cruauté qui déshonore
son histoire.
Pacherotti, que peu de temps auparavant
Bridone avoit vu sur le théâtre de Païenne,
et dont il vante les lalens ( i) , étoit alors
â Gênes. Quelques éloges que le voyageur
arjglois ait prodigués à ce chanteur,, je le
trouvai fort au-dessous de sa réputation.
Sa voix etoit, a la vérité, pleine d’agré-
mens , mais son jeu étoit sans ame et son
débit sans chaleur : il àuroit fallu l’entendre
et non pas le voir. Sa contenance, ses
gestes, quoiqu’il fût jeune et bien fait,
( i) Voyage en Sicile et à Malte , traduction de
Demeunier, tom. 2 , pag. 146 , 147 et 200.
avoient
avoient quelque chose de contraint, de
lâche qui déparoit son chant. Il remplissoit,
au surplus, tout ce que l’on avoit droit
d’en attendre. En eiFet, l’énergie de l’ac-
,tion, le feu dans l’expression, qui ne peut
naître que de celui dés sentimens, éloient
incompatibles avec son état de dégradation.
Après avoir été retenus dans le port de
Gênes , dix jours entiers , par les vents
contraires , nous en sommes partis le 13
mai, à six heures du matin, avec un gros
Vent de nord - est, et nous nous sommés
éloignés rapidement des côtes élevées et
riantes de cette belle partie de l’Italie.
■Derrière nous, les Alpes maritimes parois-
soient comme un immense amphithéâtre ,
que blanehissoient des neiges éternelles. Les
hautes montagnes qui bordent le golfe dè
•Mo, Specia , que les marins françois prononcent
l Especie, s’offroient à notre vue ; leur
sommet étoit couvert de neige, et elles
m’ont parues arides et formées de rochers
, coupes à plomb. Ce sont les carrières qui
fournissent principalenàent les beaux marbres
de toute espèce que l’on tiré de l’Italie.
Nous laissâmes à notte;gàuche l’île de Gorgona,
qui est sous la domination du due
Jome I, q