bien éprouvée , avoient du moins la facilite
de se faire entendre de ceux qui ne savent
pas l’arabe. Un serdar f. officier peu considérable;
y commandoit, et sa puissance n’al-
Pas touiours jusqu’à contenir une populace
effrénée.
Une etendue de sable et de poussière, un
amas de décombres étoit un séjour digne de
Pei,plade d’Alexandrie, et chaque jour
elle travailloit à en augmenter l’horreur.
Des colonnes renversées etéparseV; quelques
autres droites encore , mais isolées ; des
statues mutilées, de chapitaux, des enta-
blemens , des fragmens de toute espèce
jonchent le sol dont elle est environnée.
L ’on ne peut faire un pas, sans se heurter,
pour ainsi dire, contre quelques-uns de ces
débris. C’est le théâtre hideux de la plus horrible
destruction. L ’ame s’attriste, en contemplant
ces restes de la grandeur et de la
magnificence , et elle s’indigne contre des
barbares qui ont osé porter une main sacrilège
sur des monumens que le temps, le plus
impitoyable des décorateurs , auroit respectés.
C H A P I T R E I X .
E n c e i n t e d’A l e x a n d r i e p a r l e s
A r a b e s . — A ig u i l l e s de C l é o p a t r e .
— C l é o p a t r e . — P alais de s R ois
d ’E g y p t e . — C o l o n n e d e P o m p é e .
JL’enceinte de la cité d’Alexandre, jadis
si vaste , ayant plusieurs Heues de circuit,
et près d’un million d’habitans, avoit été
resserrée par les Arabes qui l’avoient envahie.
C’est cette nouvelle enceinte, formée
de cent tours voûtées et de murailles solides,
qui enferme encore Alexandrie de nos jours,
dont l’état, comme on l’a vu dans le chapitre
précédent , étoit si déplorable. Mais ,
trop petite pour une zone aûssi étendue, il
s’en faut de beaucoup que la ville actuelle
en occupe tout l’intérieur : elle en est séparée
par des grands intervalles , qui ne
présentent que l’image du bouleversement le
plus complet , des décombres amoncelés et
des débns épars. Quelques auteurs avoient
pensé que ces murs étoient ceux - mêmes
qu’Alexandre avoit fait bâtir. Cette opinion,