
lieu et l’île de France, une grande espèce toute brune, qui parut
en même temps qu’une plus petite dont la couleur étoit presque
noire.
En allant de l’île Bourbon à la baie des Chiens-Marins, il s’en
offrit successivement de tout noirs, d’autres joignant à cette couleur
un ventre blanc avec des taches brunes sur la tête et le dos. La
même espèce, sans taches brunes, nous a accompagnés depuis les
Malouines jusqu’à Montévidéo, et de là au Brésil; de sorte qu’elle
habite en-deçà et au-delà du Cap de Bonne-Espérance, jusqu’au
détroit de Magellan.
L e pétrel cendré se trouve à la baie des Chiens-Marins, à la
Nouvelle-Hollande.
Non loin du Port-Jackson, nous rencontrâmes, en novembre,
des troupes de ces oiseaux, qui suivoient ia direction des bancs de
poissons ou de certains mollusques, et pêchoient avec beaucoup
d’activité : ils étoient noirs en-dessus, bruns en-dessous.
Par 5 3 “ de latitude Sud, aux environs de l’île Campbell, se montre
un pétrel qui a la forme et le vol des damiers ; sa couleur est grisâtre.
C ’est probablement cet oiseau que le capitaine Cook compare
aussi au procellaria capensis, sans qu’il soit cependant de la même
espèce.
On en voit d’à-peu-près semblables près des Malouines, avec
cette différence que l’extrémité de leurs ailes est marquée en-
dessus d’une tache noire et blanche. Il ressemble beaucoup au
pétrel colombe.
C ’est aux approches de cette même île Campbell que nous vîmes,
pendant plusieurs jours, de grands pétrels dont le corps étoit blanc,
le dessus des ailes, le dos dans sa largeur, le bout de la queue, noirs ;
en-dessous, les ailes étoient noires, avec une bande longitudinale
blanche.
Une variété de ces oiseaux, au lieu d’avoir la tête blanche comme
les précédens, l’avoit toute noire.
Peu après avoir laissé ce rocher, nous vîmes roder autour de
nous un pétrel tout-à-fait différent, pour la forme et le vol, de ceux
que nous avions vus jusqu’à ce jour. Il est fort gros, d’un noir très-
foncé, avec quelques taches blanches à fextrémité de l’aile, d’un
vol peu agile; ce qui tenoit probablement à ce que ses ailes n’avoient
pas le développement de celles des grands voiliers.
Toutes les fois que les navigateurs verront leurs vaisseaux entourés
et suivis assez long-temps par des oiseaux de mer planant
sans cesse, ils pourront être assurés que ce sont des pétrels. Les
grandes espèces peuvent quelquefois être confondues avec les albatros;
mais, comme nous l’avons dit, on pourra, si elles approchent
assez, les distinguer à la proéminence de leurs narines.
Ces oiseaux doivent être considérés comme essentiellement
pélagiens. Ils fréquentent toutes les mers, et, pour ainsi dire, dans
toutes les saisons. On peut croire seulement que, dans celle des
amours, ils s’éloignent moins des rochers où sont leurs petits, qui
demandent une nourriture continue.
Il est indubitable que des poissons servent de proie aux albatros
et aux pétrels : cependant nous ne les avons jamais vus poursuivre
les poissons volans, et nous n’avons point trouvé dans leur estomac
de débris de ces animaux, pas plus que de certains mollusques qui
parfois couvrent les mers, et dont un seul suffiroit pour rassasier
tout un jour un de ces oiseaux. Nous avions beau être entourés de
méduses, de biphores, de physales, de vélelles, &c., ils ne s’en
nourrissoient point et rechercboient avec activité d’autres alimens.
Il n’en est pas de même des sèches et des calmars, dont nous trouvions
toujours des fragmens dans leur ventricule.
Une circonstance qui n’a pu nous échapper pendant de longues
navigations, c’est l’habitude, nous dirions presque la nécessité dans
laquelle ils sont de fréquenter les mers agitées : la tempête même
ne les effraie pas; et, lors du coup de vent, mémoraJde pour nous,
que nous reçûmes dans le détroit de le Maire, nous voyions des