
rement sur elle-même de l’ombrelle, que s’opère la progression. Les
méduses n’ont ni système nerveux, ni organes des sens, à l’exception
de celui du toucher, qui a lieu par toute leur surface ; elles
puisent, dans le milieu où elles vivent, leur nourriture à l’état
moléculaire, et ne peuvent point se diriger par une volonté propre
vers tel ou tel lieu, ni fuir ce qui peut leur être nuisible.
Les méduses sont les zoophytes pélagiens les plus répandus ;
on en trouve dans toutes les mers, depuis le Groenland jusqu’au
cap Horn, et sur-tout dans les mers intertropicales. Leur tissu,
assez ferme, leur fait quelquefois affronter l’agitation des flots;
mais il est probable que, dans les tempêtes, elles jouissent de la
faculté d’aller chercher à de grandes profondeurs des eaux plus
paisibles. Ce n’est en effet que dans les calmes qu’on voit leurs
légions paroître à la surface. Il nous est souvent arrivé de naviguer
pendant plusieurs jours au milieu de ces radiaires, qui constamment
suivoient tous une même direction. Lorsque l’impulsion
des courans les favorise, ils doivent parcourir d’assez grandes
distances': ils sont donc susceptibles de changer de méridien et
de latitude ; aussi avons-nous observé les mêmes espèces dans des
parages différens ; et, pour ne pas multiplier les exemples, il nous
suffira de dire que nous avons trouvé, en très-grand nombre, à
l’entrée du Port-Jackson, la pélagie panopyre, que MM. Péron
et Lesueur ont recueillie dans l’Océan atlantique équatorial. Ainsi,
il n’est pas toujours exact de dire que telle espèce habite constamment
tel ou tel lieu. Cependant les méduses de la zone torride
diffèrent de celles des températures froides, et, comme tous les
êtres qui jouissent de la double influence de la lumière et de la
chaleur, elles brillent, dans toutes leurs parties, des plus belles
couleurs, paroissent à la surface des eaux, et usent de la part de
vie que la nature leur a départie , tandis que celles des mers froides,
ordinairement ternes et décolorées, restent pendant l’hiver engourdies
au fond des eaux, et ne reparoissent qu’au printemps,
embellies des organes qui servent probablement à la reproduction.
Relativement aux autres fonctions dont ces animaux ont pu
être doués, et à commencer par la première de toutes, la digestion,
nous pensons, avec M. Cuvier, que les ouvertures que Baster,
Muller, Péron et Lesueur ont prises pour des bouches, n’en sont
réellement pas. On sait maintenant que ces derniers naturalistes
ont établi leurs grandes divisions sur des caractères qui ne sont point
exacts. Au reste, ils disent avoir vu des méduses digérer jusqu’à des
poissons : cette remarque a été faite aussi par MM. Bosc, Gaëde et
Chamisso. De pareils observateurs méritent, sans contredit, toute ia
confiance que leur nom inspire ; mais nous pouvons assurer que,
dans quelques espèces, un phénomène de digestion aussi compliqué
est tout-à-fait impossible, faute d’organes convenables pour l’opérer.
Une nouvelle espèce de dianée, que nous avons prise non loin
des cotes de Valence et des îles Baléares, dans la Méditerranée,
nous paroît fournir un argument sans réplique : cette méduse
[planche 8 4 , figure 3 ] ne présente aucune ouverture par laquelle
elle puisse faire entrer une substance quelconque d’un volume visible,
et cependant sa texture intime est en tout semblable à celle
des autres radiaires du même genre. La figure que donne Müller,
et qui a été copiée par d’autres auteurs, d’une méduse avalant un
poisson, ne prouve rien ; car, ainsi que le remarque M. Cuvier,
ce poisson peut très-facilement s’étre introduit dans une ouverture
presque toujours béante et qui offre peu de résistance. Nous savons,
et nous l’avons vu plusieurs fois, que les physalies sucent et digèrent
les petits poissons qui ont reçu la commotion de leurs brûlans tentacules
; mais les méduses ne sont pas organisées comme elles et
pourvues de suçoirs. Bien que quelques-unes aient en partage cette
faculté corrosive , ont-elles des organes susceptibles de digérer des
corps solides! C’est, selon nous, une question au moins indécise
et qui mérite l’attention des observateurs.
Comment s’opère leur respiration ! Se fait-elle par toute ia
Voyage de l'Uranie. — Zoologie. r j j