
G e n r e PO C IL LO PO R E . — P o c i l l o p o r a . Lamk.
POCILLOPORE BLEU. — P o c i l l o p o r a c æ r u l e a .
PLANCHE 3 6 , fig. 5 , 5 et 7.
Pocillopora compressa, frondescats, in lobos erectos et complanatos
divìsa, intùs coeruleâ ; poris cylindricis, parietibiis lamello-striatis ; inter-
stitlis scabris.
L am k . A n im . san s vert. t. 2 , p . 2 7 6 .
Ce polypier est assez connu dans les collections sous le nom de
rnillépore ou de madrépore bleu, et suffisamment décrit dans les auteurs
, pour que nous nous bornions seulement à parler de ses
polypes.
Ordinairement, lorsqu il est privé d’animaux, il présente une
couleui d un gris b leu , parsemée d’une foule de petits trous
visibles a loe il, entre lesquels sen trouvent d’autres en bien plus
grand nombre, tellement petits qu’on ne peut les apercevoir qu’à
1 aide d une forte loupe. Ainsi examinés, les premiers paroissent
cylindriques et lamelleux sur les bords, ce qui en fait autant de
petites étoiles. Les seconds affectent probablement aussi cette forme,
mais leur ténuité ne permet pas de s’en assurer. Tous se terminent
à un centre commun, pierreux comme eux, et perforé de cellules
régulièrement arrondies, qui coupent à angle droit celles qui viennent
du dehors rayonner autour, c’est-à-dire qu’elles se dirigent dans le
sens de l’axe des rameaux. Pour bien voir cette disposition, il faut
en casser une branche, qui alors ofire dans son intérieur une belle
couleur bleu de ciel. L e polypier couvert de ses animalcules a une
teinte tout-à-fait différente. L a première fois que nous le vîmes
ainsi dans l’eau, nous ne pûmes le reconnoître. 11 étoit d’un fauve
rougeâtre, hérissé d’une foule de polypes excessivement déliés, à
tentacules rayonnés, qui, sortant par les innombrables interstices
dont il est perforé , recouvroient entièrement leur hase pierreuse.
Tous s’agitoient avec vîtesse; mais dès que nous y eûmes porté
la main, ils rentrèrent brusquement et si complètement qu’il n’en
paroissoit plus de traces,au dehors. L a surface du lithophyte de-
venoit alors rugueuse. Un instant après, ils reparoissoient pour s’enfoncer
de nouveau au moindre contact. En renouvelant souvent
l’expérience, nous vîmes que quand la masse étoit considérable,
tous ne rentroient pas ; qu’il n’y avoit par exemple que ceux qui
appartenoient au même rameau. C e qui tient à ce que ces polypes
ne communiquant entre eux que par leurs tentacules et à l’extérieur,
la commotion qui les fait se cacher diminuant à mesure qu’on
s’éloigne du point de contact, les plus éloignés n’éprouvent plus
rien.
Ce pocillopore semble aimer les lieux où l’eau est légèrement
agitée: c’étoit dans les endroits où les courans se faisoient le plus
ressentir que nous allions les chercher, devant la barre d’A gagna,
à Guam. Du reste, comme les fongies, les caryophyllies, et en général
tous les polypes saxigènes qui ne se nourrissent point de
substances apercevables, ils trouvent dans le milieu dans lequel ils
v iv en t , comme une foule d’autres mollusques, et un aliment tout
préparé, sans cesse en rapport avec eux, et la matière qu’ils élaborent
pour construire leurs demeures.