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depuis la Chine jusqu’aux côtes d’Amérique. On dit qu’au Kamtchatka
ii y en a beaucoup.
Dans le Sud, on commence à voir des albatros au tropique, en petit
nombre, il est vrai; nous n’en avons même aperçu qu’une fois de
l’espèce chlororhynque, près du cap Frio, au Brésil. Ordinairement
ils ne dépassent pas le trentième degré : on en trouve davantage à
mesure qu’on s’élève en latitude. C ’est du cinquante-cinquième au
cinquante-neuvième parallèle que nous en vîmes le plus ; et probablement
que, dans cette direction, ils ne reconnoissent de limites que
les glaces polaires. Ils parcourent tous les méridiens de cet espace
immense, ies coupent ou les prolongent avec la vîtesse de l’aigle,
suivant qu’ils trouvent plus ou moins de nourriture. Cependant ils
ont des parages de prédilection : ce sont les extrémités les plus
australes des deux continens, le cap Horn et celui de Bonne-Fspé-
rance, séjour des tempêtes ou de perpétuels frimas, où viennent
se briser ies flots de deux océans sans bornes. Tous ies navigateurs,
en voyant leurs troupes nombreuses, savent qu’ils sont peu éloignés
du Cap de Bonne-Espérance. L e même signe se renouvela pour
nous en approchant de la Terre de Feu. Nous avions franchi tout
d’un trait l’espace qui sépare le Port-Jackson de l’Amérique : dès
notre sortie, nous vîmes de ces oiseaux qui nous accompagnèrent
presque constamment; et lorsque, par une grosse mer et au travers
des brouillards, nous reconnûmes la Terre de Feu dans le
voisinage du cap de la Désolation, leur nombre augmenta considérablement.
Ces oiseaux ayant une si grande dimension et passant très-près
des navires, il seroit assez facile d’établir des espèces par la couleur
du plumage, si les nuances n’en varioient pas à l’infini dans les deux
sexes, selon l’âge et les saisons, comme il arrive dans les goélands.
Ainsi nous nous contenterons d’indiquer par localités les espèces
dont les caractères sont bien tranchés; et nous réunirons dans un
même groupe, comme n’en constituant qu’une seule, le diomède
exilé r diomedea exulans plusieurs individus sur lesquels on n’a
encore que fort peu de données.
C’est par cette dernière espèce que nous commencerons, parce
que nous la vîmes la première aux approches du Cap de Bonne-
Espérance, dans le mois d’avril, et qu’elle nous accompagna, en
allant à l’île de France, jusqu’à cent lieues en-deçà du tropique du
Capricorne. Nous la retrouvâmes, à la fin d’août, à-peu-près dans
les mêmes parages jusqu’auprès de la baie des Chiens-Marins, à
la Nouvelle-Hollande, par environ 26° en latitude. C ’est encore
à la même espèce qu’appartiennent les albatros du Port-Jackson
et du cap Horn que nous vîmes dans ces mers depuis novembre
jusqu’en février.
Les différences qu’ils nous ont offertes se réduisent à celles que
nous allons indiquer pour chaque individu :
1.° Dos et couvertures des ailes d’un brun sale ; ventre blanc.
C ’est probablement cette variété qui a servi de type pour l’espèce
diomedea spadicea.
2.“ Dos grisâtre; cette couleur s’étend sur les ailes et devient
brune à mesure qu’elle approche de leur extrémité : le ventre est
brun.
3.'" Dos et poitrine d’une couleur blanche éclatante, ainsi que
les couvertures des ailes ; le reste de ces mêmes ailes est noir en-
dessus. Il existe de légères variétés à cet égard dans le blanc, qui
s étend plus ou moins loin.
4 -" Ailes brunes, ventre et dos blancs. Cet individu est principalement
distingué par une raie noire sur f extrémité de la queue,
qu’il porte en éventail : peut-être est-ce une espèce différente. Il
habitoit avec les précédens à quelque distance de la baie des Chiens-
Marins.
5-° Par 36 “ de latitude nord, en allant des Mariannes aux îles
Sandwich, nous vîmes un albatros beaucoup plus petit que les
précédens, mais marqué comme eux de taches d’un gris blanc. Un
Voyage di l'Uranie. — Zoologie. ] y